Fabrice Begotti réalise son premier film, Les Francis, une comédie avec la Corse en toile de fond, aux allures de road-trip sous anxiolytiques.
Jeff (Lannick Gautry), Medhi (Medi Sadoun), Seb (Thomas Vandenberghe) et Willy (Cyril Gueï), quatre amis de toujours partent en Corse à la mort du père de Jeff. Ce dernier lui à confier une mission dans son testament : retourner sur les traces de sa famille, à Fozzano, et retrouver une femme qui apparaît sur une photo jaunie. Les quatre compères ne cessent d’accumuler les bourdes et de se mettre à dos les habitants. Tous les rôles sont soit surjoués, notamment du côté corse, soit bâclés du côté continental. Medi Sadoun (que l’on a vu dans Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?) et Alice David (de la série Bref) nous avaient habitué à mieux. On acquière très vite l’impression que tout le monde s’ennuie sur le tournage. Et nous aussi. L’intervention d’Orso (Jacques Dutronc étant le plus investi) et le duo de gendarme pince-sans-rire (François Levantal et Elie Semoun) ne suffit pas à épicer le scénario. Le reste de la distribution interprète son rôle sans aucun relief, aucun des acteurs de la troupe n’arrivent à convaincre de son investissement dans le film. La seconde expérience cinématographique de Jenifer Bartoli ne révèle pas une grande actrice, tant s’en faut. Bizarrement, la voix off vante les mérites de la Corse alors même que le film va s’évertuer à ne quasiment rien en montrer. Les vues vraiment saisissantes de beauté sont rares, voir inexistantes, alors que les lieux s’y prêtent pourtant.
Les Francis verse dans la caricature sans y trouver de souffle comique. Les Corses sont sanguins, et misogyne. Dumé Campana (Thierry Neuvic) est un rustre surveillant la vie de sa sœur, et toujours le premier pour se saisir d’un fusil sans réfléchir. Certaines scènes où les gendarmes sont face à la troupe armé aurait pu être bien exploitées, mais le visage sans expressions de Dumé et ses cousins gâchent tout le plaisir. Il n’y a aucune trace de cette folie furieuse qui les auraient rendu crédible dans leur démarche. Comme le reste du film, cet aspect est plat alors qu’on sent bien que ce n’était pas l’idée de départ. Les continentaux quant à eux sont en perpétuel danger, comme si les Corses chassés toutes personnes posant le pied sur l’île. On dirait que les quatre amis ont débarqué à Falloujah. Les Francis est une comédie qui accumule les clichés sur les Corses et leur terre mais, paradoxalement, Fabrice Begotti ne poussent pas assez loin ces stéréotypes pour qu’ils provoquent un sentiment d’hilarité chez le spectateur. Quant au côté mystère familiale, même constat, aucune émotion ne vient nous heurter.
En somme, Les Francis, c’est une comédie sur la Corse, sans l’âme corse. Comme le dit le personnage de Seb, on dirait plutôt l’Irlande.
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