C’est suite à sa rencontre avec le comédien/réalisateur Serge Bozon que la réalisatrice Axelle Ropert a décidé de se lancer dans le cinéma. Les deux acolytes se retrouvent dans Tirez la langue, mademoiselle pour une huitième collaboration ! En plus de lui donner la réplique dans Guillaume et les sortilèges et La Révolution sexuelle n’a pas eu lieu, Axelle Ropert a scénarisé l’ensemble des films de Bozon, soit quatre au total. Ce dernier joue également le rôle d’Alexandre dans le premier long-métrage d’Axelle Ropert, La Famille Wolberg.
Loin des clichés hollywoodiens d'un Paris réduit à la tour Eiffel ou au Moulin rouge, Tirez la langue, mademoiselle se centre sur le 13ème arrondissement de la capitale. La réalisatrice Axelle Ropert qui habite ce quartier souvent mis à l'écart par le 7ème art, le décrit comme un endroit "moche" pour un œil inexercé, mais d'une beauté saisissante pour celui qui est capable de le décrypter. Tel est l'un des objectifs d'Axelle Ropert avec ce nouveau film : montrer l'élégance invisible du 13ème arrondissement de Paris et de ses barres HLM.
Axelle Ropert avait une vision bien précise du rôle de Judith. Elle recherchait une femme élancée et charpentée, à la fois malicieuse et pétillante. C’est donc tout naturellement que le choix de la réalisatrice s’est penché sur l’ancienne Miss météo Louise Bourgoin : "Son visage est celui d’une madone, mais d’une madone espiègle, qui ne penserait pas seulement à Dieu et qui aimerait faire des blagues. J’aime ce tempérament très vigoureux qu’elle possède et qui la rapproche de certaines actrices anglo-saxonnes comme Jane Russell, Jeanne Crain ou Nicole Kidman."
La cinéaste Axelle Ropert aime passer de longues heures à rêver devant ses fenêtres, si bien qu’elle est régulièrement hantée par un cauchemar dans lequel son quartier s’effondre. Les personnages de Tirez la langue, mademoiselle se révèlent être comme un moyen d’exorciser ses peurs, car dotés de suffisamment de courage pour se sacrifier et affronter le quotidien. Ce film est né d’un songe qui s’est rapidement vu accompagné d’une crainte, car pour la réalisatrice les notions de bonheur et de malheur sont des émotions indénouables : "C’est un film sur la violence injuste de la vie, l’injustice de l’amour et du bonheur. Je voulais faire un film où l’on se félicite du bonheur des uns tout en souffrant du malheur « collatéral » des autres."
A la manière des personnages de François Truffaut qui ont marqué Axelle Ropert par leur spontanéité sentimentale, dans Tirez la langue, mademoiselle les protagonistes sont sincères et déterminés en majeure partie grâce à la nuit : "Dans mon film, c’est le moment propice à la confidence et l’abandon, ce sont des moments où on peut tout se dire", explique-t-elle. L’alcoolisme de Dimitri (Laurent Stocker) fait également écho à la nuit, ici compris comme un moyen de se désinhiber et de se s’affranchir des conventions.
Unir le grand brun Cédric Kahn et le relativement petit blond Laurent Stocker par un lien fraternel, tel a été l'un des paris du film. Avant de démarrer le tournage, les deux acteurs n’y croyaient pas non plus et multipliaient les fous rires : "Au début j’avais plutôt pensé prendre deux acteurs proches physiquement", explique la réalisatrice Axelle Ropert, qui a finalement su transformer cette légère incohérence en force, laissant ainsi la place à des ressemblances comportementales et un amour fraternel plus fort. Les deux frères sont voisins et exercent ensemble la même profession : physiquement incomparables et pourtant socialement inséparables.