"Money Monster" fait partie de ces films pour lequel il ne vaut mieux rien savoir. Essayez donc d’éviter de voir autant que possible la bande-annonce et le synopsis. Si je vous donne ce conseil, c’est pour vous permettre de vivre la principale surprise au même titre que les principaux protagonistes, la peur viscérale toutefois en moins. Et pourtant, le tout début peine à convaincre, avec des discours financiers que les non-initiés peineront à comprendre, des discours distillés sur un ton dynamique souvent propre aux shows à l’américaine, assez courants outre-Atlantique. Ainsi, les premières minutes requièrent-elles vraiment la plus grande attention du spectateur ? C’est vrai que quand on vous parle de placements financiers, de bourse, enfin de tout ce qui a trait à l’argent, ça a vite fait de perdre le public dans un océan d’incompréhension, au risque de le désintéresser. D’autant que George Clooney joue un rôle assez surprenant pour lui en ce personnage qu’est Lee Gates, véritable star de la télé en étant plus ou moins le grand gourou populaire de la finance. Je vous rassure, ces premières minutes ne sont ni plus ni moins que l’implantation du contexte. Vient ensuite la bascule, aussi brutale qu’inattendue. Enfin… inattendue pour ceux qui ne savent rien du pitch. Et dans ce cas, se fier au casting n’est pas une mauvaise idée en soi, avec George Clooney et Julia Roberts en tête d’affiche et Jodie Foster à la baguette, laquelle signe par la même occasion son grand retour à la réalisation de long métrage, cinq ans après le dernier en date. Si Julia Roberts est une fois de plus très bien, il ressort que George Clooney peine à convaincre sans pour autant être mauvais. Dans les faits, il sort un jeu juste en gars superficiel dépassé par les événements et quelque peu déconnecté de la réalité tant il paraît à côté de la plaque du domaine qu’il est pourtant supposé maîtriser et connaître sur le bout des doigts. Mais je ne sais pas… il manque un petit je ne sais quoi alors qu’il a su alterner ses moments de doute voire d’abattement avec les moments de certitudes. Peut-être que cette impression est faussée par une image trop belle, trop aseptisée, sans aucun défaut, tant et si bien que les deux personnages phares font plus jeunes que leur âge, ce qui est normal étant donné que la plus grande partie de l’intrigue se passe à la télévision. Ah la magie des plateaux télé !... Dans tous les cas, il serait injuste de ne pas parler de Jack O’Connell, le troisième larron qui partage la tête d’affiche avec les deux stars hollywoodiennes. A vrai dire, il est parvenu à s’intercaler entre Julia Roberts et George Clooney, aussi bien dans la qualité de jeu que dans l’histoire. Personnellement, sur l’affiche j’aurai placé son nom au milieu, encadré par les deux autres stars, comme cela a été fait au niveau des silhouettes. Ensuite le déroulé de l’histoire est on ne peut plus classique. Sans manquer d’une certaine originalité, l’intrigue tombe quand même dans le relativement convenu. C’est dommage, parce que ça en aurait fait un film parfait ou quasi parfait si on ne pressentait pas à l’avance quelques petites choses. Quand bien même, on a quelques situations tout à fait inattendues, comme par exemple l’intervention de la compagne de Kyle qui prend à contre-pied tout le monde, que ce soit le spectateur ou que ce soient les protagonistes au point que ça en est presque dramatiquement risible. Toujours est-il que (et quelque part c’est un paradoxe assez curieux), bien qu’on sache comment tout cela va se terminer, la tension est bien présente et tient en haleine le spectateur, ce qui représente un véritable tour de force de la part de la réalisatrice quand on sait que le scénario était resté sans preneur avant elle. Oui, Jodie Foster a maîtrisé son sujet par une réalisation qui se caractérise par une impressionnante alternance : des moments calmes mais non dénués d’intérêt parsèment la dynamique du récit, la fréquente bascule entre ce qui se passe en plateau et à l’extérieur des studios, et l’utilisation des caméras télé et cinéma ainsi que des écrans interposés. Au-delà de ça, "Money Monster" va bien plus loin en pointant du doigt le ridicule des showmen tel que Lee Gates par les deux badauds qui l'imitent (faisant endosser par la même occasion au présentateur télé le costume de marionnette et/ou de bouffon), les risques liés au boursicotage, la loi du silence dans le milieu de la finance décidément très opaque, sans oublier le surréalisme de la situation avec cet attroupement dans la rue au plus proche du danger alors qu'il est aux yeux de tous bien visible et avéré. Moi, perso,dans ce cas je ne traîne pas dans les parages, mais telle est la psychologie américaine dans sa plus pure banalité. Certes les dénonciations faites font un peu cliché, mais n’est-ce pas aussi la vérité ? Dans tous les cas un bon film, avec une belle réalisation de Jodie Foster et accessoirement un George Clooney dans un rôle inhabituel.