Après « Margin Call » ou encore « Le Loup de Wall Street », le cinéma hollywoodien se penche de nouveau sur les dérives de l'hypercapitalisme avec « Money Monster », portrait sardonique de la finance dans les coulisses de la bourse. Le pitch est aussi simpliste que redoutable. Lee Gates, présentateur d'un talk-show consacré à l'actualité de Wall Street, se voit pris en otage par un jeune homme ayant perdu toutes ses économies dans un placement peu recommandable, et pourtant avancé comme très judicieux dans l'émission.
Les dessous du monde télévisuel essuient ici le regard rutilant de la réalisatrice Jodie Foster, adressant une vive critique, autant du cynisme de ce format d'émission que du capitalisme, reposant ici sur des algorithmes incompréhensibles, tenant entre leur main le bonheur d'une nation.
« Money Monster » n'hésite jamais à surligner son propos, quitte à ne pas toujours bénéficier de subtilité. On pourrait citer notamment la séquence ou George Clooney — spectaculaire dans le rôle de Lee Gates —et son preneur d'otage, sorte du plateau de télévision pour rejoindre Wall Street. L'image est entièrement paradoxale, car c'est Lee Gates qui se colle au dos de son agresseur, accentuant le sentiment de fausseté et d'absurdité de la télévision, tournant quoi-qu'il arrive la situation à son avantage, donnant du crédit à la politique du buzz.
Bien évidemment, le film carbure, et les choix intelligents de sa prestigieuse réalisatrice ne manquent pas, notamment au niveau technique. Son problème, tout comme celui de la télévision américaine, est qu'il préfère se donner au spectaculaire plutôt qu'à la fine satire. Julia Roberts à la régie, George Clooney sur le plateau et Jack O'Connell, armé, entre les deux ; tout le monde jouant parfaitement sa partition, sans démonstration didactique, ni noirceur, ni optimisme. Si « Money Monster » manque cruellement de grandeur, il agit néanmoins comme qualitatif divertissement, permettant à Jodie Foster de larguer une bombe sur Wall Street, causant de jolis dégâts.