« Money Monster », présenté au dernier Festival de Cannes, a déjà laissé quelques papiers derrière lui et de nombreux avis mitigés. De notre côté, si on trouve l’idée originale et la réalisation maîtrisée, on lui reconnaît quelques petites failles gênantes mais peu accablantes.
Commençons par les aspects positifs tout d’abord et notamment par le principe de huit clos, qui a toutes les qualités requises pour installer une situation de stress prenante et réaliste. Coincés sur le plateau télé en compagnie du présentateur vedette, de son preneur d’otage et de la régie, nous sommes pleinement immergés dans l’histoire présentée. Le plus difficile était sans doute de nous tenir en haleine durant une bonne heure trente, ce que Jodie Foster a su faire sans difficulté. Les interventions extérieures, la mise en place du sauvetage, les interactions entre la productrice et son animateur dynamisent l’intrigue sans que l’on ne décroche vraiment. Certes, on pourrait noter une ou deux petites longueurs mais il ne faut pas abuser non plus. Le constat à la sortie de la projection est sans appel : le thriller est prenant et le divertissement total.
L’envers du décor installé (en parlant de décor, c’est celui de la CBS qui a été utilisé), on se lance dans le tournage d’une émission aux apparences normales jusqu’à ce que l’impensable se produise. Lee Gates est en quelques minutes pris pour cible d’un jeune homme qui a tout perdu. Déterminé, il sait ce qu’il fait et espère éclaircir la situation financière dans laquelle la bourse l’a mise. Dans ce rôle délicat et dense, on trouve le jeune Jack O’Connell (l’acteur principal du film « Invincible » d’Angelina Jolie). Très impliqué dans son interprétation, le comédien porte l’intrigue avec une belle maîtrise. Ce qui est moins le cas de son otage, mais on y reviendra plus tard…
Dans les rôles notoires, il y a aussi celui de Julia Roberts. Si son sourire radieux illumine toujours l’écran nous n’en profiterons pas ici. En effet, la Pretty Woman doit affronter une situation dramatique et décide de soutenir coûte que coûte son animateur vedette. Productrice de l’émission, Patty garde inconditionnellement son sang froid et sait agir au mieux pour préserver la sécurité de son équipe. De retour en ce moment sur nos écrans avec « La fête des mères », « Money Monster » est aussi une belle occasion de rappeler que la belle sait donner de sa personne et excelle dans ce genre de rôle grave et qu’il serait bien dommage de la cantonner dans la case « comédie romantique acidulée ». Dans ce long métrage, elle retrouve Georges Clooney pour qui elle a tourné il y a une dizaine d’années (avec « Confessions d’un homme dangereux ») et qu’elle avait déjà rencontré sur le plateau des « Ocean’s eleven & twelve ».
Côté déception, George Clooney justement. On apprécie toujours retrouver le cinquantenaire mais cette fois, son jeu nous laisse perplexe. Si son côté hautain et « crazy » des premières minutes nous persuadent tout à fait, nous n’avons par contre pas du tout accroché à son côté « victime » ou « angoissé » de la prise d’otage. En effet, à aucun moment le bonhomme ne semble paniqué par ce qui lui arrive. Non vraiment, George nous déçoit durant deux tiers du film. Dans la dernière demi-heure, il retourne à son savoir faire habituel et fait le job correctement, sans plus… Dommage car le film mise tout de même une bonne partie de sa réussite sur un trio gagnant un peu bancal.
On regrette aussi quelques incohérences dans le scénario (ou une mise en scène bâclée de certains événements, on ne parvient pas à se décider) mais nous n’en dirons pas plus car nous n’aimons pas spoiler et il est plus judicieux de vous laisser vous faire votre propre idée.
Vous l’aurez compris, si la forme de « Money Monster » est plutôt réussie, le fond ne l’est pas totalement mais en ces temps presqu’estivaux où l’on voit débarquer des comédies, des films d’horreur ou d’autres gros blockbusters, ce petit thriller vaut la peine de se déplacer pour qui cherche un film honnête…