Si elle se fait rare en tant qu’actrice, nous avons parfois, comme ici, l’occasion de découvrir ou de redécouvrir Jodie Foster dans le costume de réalisatrice. Après le Complexe du Castor, ou elle offrait une formidable chance à Mel Gibson de ressurgir en grâce, après quelques épisodes réalisés pour Jenji Kohan sur Orange is the new Black, Jodie Foster revient sur le devant de la scène, présentation cannoise hors compétition à l’appui, avec son Money Monster. L’actrice et réalisatrice, si elle savait se montrait intimiste, avec sa précédente réalisation, mentionnée plus haut, s’attaque ici frontalement au système capitaliste, particulièrement américain, avec un thriller ronflant, d’une autre époque, un brin désuet et désincarné.
Film à suspense, film policier, thriller, qu’importe tant Money Monster se fond dans le moule de l’Entertainment hollywoodien pur jus. Là ou Jodie Foster succombe aux sirènes d’un cinéma tous publics, presque préfabriqué, faussement dénonciateur. Oui, s’attaquer à l’institution financière de Wall Street, ici, ne se résume en fait qu’à définir le strict cadre d’un thriller ou, sur le plateau d’une émission de télévision financière, débarque un forcené, flingue à la main, enfilant à l’animateur vedette du show un gilet explosif, du simple fait d’une perte économique. Un peu facile, non? Eh bien oui, le film l’est de bout-en-bout, quand bien même la réalisatrice parvienne à y insuffler suffisamment de suspense pour que l’ensemble ne tourne pas court, ne tourne pas à la démonstration mélancolique d’une revisite du cinéma des années 80 et 90.
George Clooney cabotine en golden boy de la télévision, montre bracelet rutilante et brushing impeccable, face à une Julia Roberts qui fait de la figuration dans la peau d’une femme prétendument forte, et à Jack O’connell, qui signe là la moins bonne prestation de sa jeune carrière dans la peau d’un mec perdu qui ne ressort jamais réellement captivant de son entreprise criminelle, il faut le dire, peu crédible. Foster, en somme, aura céder à une certaine facilité, usant de codes vieux comme le monde pour confronter, au final, le méchant trader sans scrupules avec la part humble de l’humanité, sans compter sur un retournement de veste notable de la part de l’animateur. Rien qui ne vaille donc d’avantage que le tout-venant cinématographique annuel. Dommage. On en attendait d’avantage de Jodie Foster, elle qui nous avait bluffé avec le Complexe du Castor. Dans une carrière, il y a donc bel et bien des hauts et des bas. 07/20