Rien à voir avec The Big Short qui pouvait en dégoûter plus d’un de la finance. Bien que traitant de placements boursiers, on n’est pas du tout à Wall Street ici, mais dans une émission pseudo financière à grande écoute, en fait un show télévisé hip hop qui donne des conseils en matière d’investissements (cherchez l’erreur).
Clooney égal à lui-même (odieux, suffisant, immoral, cynique), la grande et talentueuse Julia jouant quasi en solo à travers un jeu d’oreillettes, Jack O’Connell très convainquant en preneur d’otages hystérique, naïf et désespéré, qu’un soi-disant ‘’couac ‘’d’algorithme a totalement fauché, dans tous les sens du terme. Ce type a tout perdu, mais sa tentative désespérée, ceinture d’explosifs et flingue à l’appui, n’a qu’une seule exigence : entendre comment et pourquoi ses 60000 dollars d’économies ont disparu en un claquement de doigts, en même temps que 800 millions. Et il veut les excuses qui vont avec.
Ce film parle de gros sous, de très gros sous, mais sans être prétentieux, et ne prétend donc pas s’adresser uniquement à des financiers avertis (dont nous, humbles spectateurs lambda ne faisons pas partie, n’est-ce-pas ?, alors promis juré : vous ne tomberez pas dans les bras de Morphée). Mais c’est dirigé avec dextérité et finesse par Judie Foster, donc c’est intelligent, solide, précis, et humain sans concession. Avec des parenthèses d’émotion, même du loufoque, et surtout beaucoup de tension.
Notre société est y parfaitement dépeinte : scotchés à nos smartphones, nos tablettes, nos écrans, nos moniteurs, à l’affût du dernier scandale, du dernier désastre, de la dernière cata (du sang ! du sang ! du sang !), mais dans la navrante réalité, quand nous ne sommes pas directement, personnellement concernés, très rapidement la dernière actualité n’est plus d’actualité, nous retournons à nos petites affaires et passons à autre chose comme si rien n’était jamais arrivé. En réalisant ceci, les yeux de notre célèbre présentateur télé vont se déciller quand il se prend cette claque : pendant toutes ses émissions, il présentait et vendait du vent, et maintenant, il va constater que sa popularité en a la même consistance.
Ne sera pas le film de l’année, ni la Palme, mais on ne s’ennuie pas une seconde.