Il y’a parfois une certaine limite à avoir et à entretenir dans la mise en scène et dans son sens des détails. Et ce au risque d’exaspérer un spectateur poussé à bout par des répétitions scénaristiques et des acteurs en roue libre qui ne sont présents sur le tournage que pour péter des câbles à longueur de temps. Aimer la neige, apprécier le doux contact de cette dernière sous les palmes des lames, foisonnante et frissonnante ,librement, et surtout savoir être patient. Extrêmement patient, car « Snow Therapy » ne laisse que du répit à un spectateur non pas en manque de sensations fortes, mais plutôt trop délaissé par une atmosphère prônant le vide créatif, filmant des canons à neige brisant le silence de la nuit sur une longue durée, plans fixes recommandés et plaqués implacablement et sans sursis, comme sur de la glace trop épaisse pour qu’on y puisse faire quoi que ce soit. Le ton, trempé dans un doux cynisme de situation, estampille une rage et une cruauté familiale aussi lamentable que désastreuse, sous l’ombre d’un hôtel luxueux orné de par la proportionnalité de ses chambres et d’un aspect rustique suivi de son charme artistique sans failles. Sauf que le charme, lorsqu’il est trop répété, s’écroule, s’anéantit automatiquement pour laisser place à de pitoyables moments de règlements de compte bourratifs et idiots. Tout à coup, l’oeuvre se veut être une leçon de vie familiale qui laisse découler ce qu’on pourrait considérer comme du poison et ce qui n’est qu’une stupide ironie, telle le sourire forcé qui barre le visage d’un père trop fier de voir ce que le spectateur avait vu plus d’une heure trente avant lui : que l’humanité s’applique à tout le monde, qu’il n’y a aucune barrières de ce côté-là. Le plus gros défaut du film, si ce n’est qu’il est poussif, dérangé et qu’il ne réussit que très peu de ses paris artistiques? La durée. Deux interminables heures durant lesquelles on doit attendre qu’il se passe quelque chose de viable et d’un minimum intéressant. L’artistique passe à la trappe à cause d’effroyables plans fixes qui jamais ne se terminent, qui durent et qui durent, et dont la répétition provoquerait presque de l’urticaire si notre crème n’était pas à portée de main. Des scènes utilisant ce procédé sont bien pensées : le dévoilement de la tempête, qui, peu à peu, dévale la pente montagnarde, avec des spectateurs rassurés par le confort procuré par l’hôtel et les couverts, et qui ne commencent à paniquer que lorsque les flocons commencent à envahir leurs assiettes et leurs couteaux. Le spectateur (derrière l’écran, celui-ci) jubile, car les attitudes des personnages, qu’ils soient de premier ou de second ordre, ou même la présentation du plan scénaristique, sont maîtrisés. Mais ce n’est qu’une exception face à l’imposante longévité de l’oeuvre, qui donne l’impression de perpétuer durant des siècles et des siècles les mêmes techniques qui ne font qu’ennuyer un public trop paresseux pour oser quitter la salle. Exagération, bien-sûr, car ce semblable public a, dans sa globalité, apprécié le film en question. Ce qui permet de confirmer l’affirmation suivante : oui, le bonheur des uns fait bien le malheur des autres.