Je ne sais ce que vaut littérairement le travail (publié 60 ans après) d'Irène Némirovsky, ne l'ayant pas lu. Elle jouissait d'un début de notoriété comme auteur en tout cas, quand, Juive apatride (née à Odessa, dans une riche famille de banquiers), elle est arrêtée dans un petit village du Morvan où elle était réfugiée avec ses filles, et déportée (bien que convertie au catholicisme) à Auschwitz, où elle décède (de maladie) un mois après son arrivée, en août 42. Les scénaristes (dont le réalisateur - le Britannique Saul Dibb, de "The Duchess") ont choisi de ne reprendre des 2 premiers volumes, d'un ensemble devant en comporter 5, que le 2e, et de le modifier et simplifier. Au résultat, cela devient une historiette d'amour impossible (entre l'épouse d'un prisonnier - probable - de guerre, qui a fait un mariage de raison, et un jeune officier allemand subalterne logé dans la maison familiale de sa revêche belle-mère, compositeur dans le civil - ce qui justifie en la circonstance le titre, qui reprend celui d'une pièce pour piano dudit, rengaine sirupeuse, dont on nous régale tout au long du récit). Cela sonne tragiquement faux du début à la fin, d'autant plus que le film est "belgo-franco-britannique", mais en langue anglaise (sauf de rares passages entre occupants allemands - là, logiquement dans la langue de Goethe). Grotesque ! L'héroïne ("Lucile Angellier") est même américaine (Michelle Williams..). Le "côté belge", c'est Matthias Schoenaerts ("Bruno von Falk"). On a quand même un ou deux Allemands (dont Tom Schilling en "Bonnet", un autre "Oberleutnant", descendant sans doute d'une famille française protestante ayant émigré outre-Rhin, après la révocation de l'Edit de Nantes, et une Roumaine vivant en Allemagne), et même Lambert Wilson, qui panouille en "vicomte", maire du lieu (et parle allemand avec le major). C'est donc une distribution très cosmopolite (ne pas oublier la bientôt anoblie par sa souveraine et franco-anglaise Kristin Scott-Thomas, qui ayant pris un bon coup de vieux, est très crédible au physique en belle-mère amidonnée), pour une production léchée (dont j'espère qu'elle n'est pas une bonne transcription du style du livre, récompensé mémoriellement par le Renaudot en 2004), sans aucune personnalité, ni aucun souffle, ni épique, ni sentimental - ce qui est sans doute dommage pour un long métrage (d'ailleurs très long à l'usage - tant on s'y ennuie ferme) se positionnant sur ce genre de créneau....