Taken 3, manifeste de la Bessonerie affligeante
Ah Liam Neeson, que ne ferait-on pas pour lui! Si l’acteur se montre toujours impeccable, surtout pour assumer son rôle d’actionner brutal et musclé, ce n’est plus toujours le cas des réalisateurs qui le mettent en scène. Et heureusement que Jaume Collet-Serra est là pour remonter le niveau! Parce que Taken… pardon quoi! Après un premier opus victime d’un succès étourdissant malgré sa surdose de clichés malodorants mais qui avait le « mérite » d’imposer Pierre Morel à Hollywood (enfin, on se demande encore pour qui? on attendra son alléchant Gunman pour voir si le Frenchy est capable du meilleur plus que du pire), il fallait bien une suite. On a tiré à la courte-paille et c’est Olivier Mégaton qui a décroché la timbale. Annihilant toute possibilité de faire de Taken un divertissement réfléchi et de qualité. Et si le deuxième se passait déjà de commentaire, le troisième opus réussit l’exploit d’être encore plus (méga-)con. Affligeant même. Au point de faire passer cet actionner se voulant sérieux pour une comédie franchouillarde tellement tout est raté.
Il faut dire que si Bryan Mills (Liam Neeson) reprend encore (et une fois de trop) du service, c’est qu’il a ses raisons. Alors qu’il avait retrouvé un peu de sérénité, séparé mais plus que jamais en bons termes avec Lena (Famke Janssen), sa femme; et se rapprochant de sa fille Kim (Maggie Grace), enceinte. Tout bascule le jour où « Lenny » est retrouvée morte, assassinée dans l’appartement de Bryan. Pourchassé par des dizaines de flics sous le commandement Franck Dozler (Forest Whitaker qui rejoint l' »aventure » en flic
qui résout des enquêtes en trouvant des indices dans les donuts qu’il mange!
), l’ex-agent spécial prend la fuite et retrouve une ancienne planque avec armes, munitions et tout ce qu’il faut pour déclencher une parfaite petite guerre aux assassins de sa femme. En l’occurrence des Russes très très méchants (si vous ne l’aviez pas déjà remarqué dans le premier Taken).
Par quoi commencer? Allez par les méchants monoexpressifs, puisque c’est eux qu’on voit en premier. Sensés faire peur, ils réussissent plutôt à être hilarants, il y en a même un qui pourrait être le croisement (raté bien sûr) entre Jason Statham et Ed Harris! Si si, je vous jure, je n’invente rien! Puis, il y a le cliché du couché de soleil, d’habitude il vient en fin de film, ici il vient au tout début, ne cherchez-pas, il n’y a rien à comprendre. Ou plutôt si, que cet Olivier Mégaton, poulain chéri de l’industrie Besson, aurait du se tourner vers un autre métier depuis bien longtemps tant c’est mal filmé et, encore plus blamable, très mal inspiré à la base (on ne sera d’ailleurs pas étonné de voir que Luc Besson co-scénarise). Tout sonne faux, une scène entre Neeson et Janssen absolument pathétique; des scènes plus rocambolesques les unes que les autres et surtout pas crédibles pour un sous. Vous vous souvenez de la scène huée d’Indiana Jones échappant à une irradiation nucléaire à bord d’un frigo magique? Éh bien, ici, c’est pareil, Bryan Mills multiplie les évasions et les survies absolument incroyables et improbables. Bon, on veut bien que Liam Neeson est un survivant, mais faut quand même pas pousser. Et que dire de la police? Bryan a beau faire n’importe quoi, il arrive toujours à filer. On espère d’ailleurs que Forest Whitaker a été grassement payé en donuts tant il assure le strict minimum! Mais le personnage de Kim est aussi gâté en invraisemblances: elle met 10 minutes pour trouver les toilettes de son école alors que le policier Garcia, au pas d’escargot, y arrive en une fraction de seconde. Mieux encore, voilà la fille Mills qui se retrouve avec un mouchard dans son vêtement. Jusque là pas de souci, les flics ne sont peut-être pas aussi bêtes qu’ils en ont l’air! Mais… quand ils écouteront les conversations de Kim, le spectateur pourra aisément se rendre compte qu’elle ne porte même plus les mêmes vêtements! Tout va bien. Et c’est même pas fini, quelle banalité dans les dialogues: « Tu saignes? ». Non il ne saigne pas, il a perdu tellement de sang qu’il risque la syncope, mais il ne saigne pas, allons allons… Mais le pire est encore à venir avec la conclusion implacable du film.
Bref, qu’y a-t-il à sauver? Pas grand chose! Liam Neeson, peut-être, qui montre qu’il remplit toujours sa part du contrat. Et peut-être aussi l’excellent choix de musique dans le trailer avec Goodbye d’Apparat (bon, ok, ça n’a en plus rien avoir avec le film). Sinon Taken 3 est un ramassis de bêtises grotesques, un manifeste, celui de la pire Bessonerie, Tartufferie du XXIème siècle. Celui de la loi qui dit qu’il faut tout sacrifier à l’action, même l’intelligence. C’est sans aucun goût, inodore et malveillant. Et le pire, c’est que ça marche: en 3 semaines, le film a cumulé 207 millions de $. Comme quoi prendre le spectateur pour un con, ça marche! Heureusement, c’était le dernier épisode de la trilogie! Ouf, on va pouvoir passer à autre chose! "Quoique" disent certains financiers au vu des chiffres de fréquentation du film...
0,5/5
Taken 3, d’Olivier Mégaton, avec Liam Neeson, Forest Whitaker, Maggie Grace, Famke Janssen…, Europacorp, Belga, 103 min.