Ce deuxième long-métrage de Robin Campillo est une très belle découverte.
Il y a tout d'abord le discret et talentueux Olivier Rabourdin. Un vrai premier rôle, enfin, dans lequel il excelle et démontre toutes les facettes de son talent.
Un quasi silence pour démarrer le film et le va-et-vient incessant des passagers de la Gare du Nord, et celui de la foule qui tourne autour, comme décor. La scène est inspirée d’un film de Robert Siodmak, Edgar G Ulmer et Billy Wilder, "Les Hommes du Dimanche", tourné dans Berlin avant la Seconde Guerre mondiale, selon les déclarations du réalisateur.
Les principaux protagonistes du film se mélangent au milieu d'un grand nombre de figurants. Certains, se jouent des services de sécurité ou de la police, et se démarqueront peu à peu pour nous entraîner dans leur univers.
Rien de très reluisant et pourtant, de ces premières images se dégage une certaine magie.
L'histoire est toute autre. Une rencontre entre deux hommes que tout sépare, souhaitée par l'un, quinqua bien établi, attendue par l'autre, beaucoup plus jeune et sans papiers.
Pour mieux nous perdre dans le dédale des chemins divers et variés que s'autorise le scénario, le film se décompose en quatre parties dont les titres s'affichent sur l'écran. Autant de lieus et univers différents. De la rencontre va naître, une suite inattendue, longue et oppressante pour la deuxième partie, plus douce et moins silencieuse pour la troisième. Le dénouement de l'histoire aura comme décor les alentours de Pau, et prendra alors un tout autre chemin, sous la baguette de l'excellente Edea Darcque, qui fera trébucher le caïd de la bande interprété par Daniil Vorobjev, par une gifle retentissante.
On peut regretter quelques invraisemblances, des longueurs aussi, vite effacées par l'intérêt qui ne cesse de croître du début à la fin.
Il y a aussi les plus de la photographie de Jeanne Lapoirie, (Huit Femmes, Michael Kohlhaas, Un Château en Italie, entre autres) qui est absolument remarquable.
La musique originale composée, interprétée et produite par Arnaud Rebotini participe grandement à la réussite du film. À ce côté anxiogène, qui se développe très vite, et qui nous reverra sans cesse d'un chemin à l'autre.
Un deuxième film troublant, dérangeant mais qui ne laisse pas indifférent.
Une très belle réussite.