Johnnie To est définitivement un maître en matière de polars/thrillers, sa carrière en témoigne : "The Big Heat", "Lifeline", "Where a Good Man Goes", "Running Out of Time 1&2", "A Hero Never Dies", "The Mission", "Exilé", "Sparrow", "Fulltime Killer", "PTU 1&2", "Breaking News", "La Vie Sans Principe", Triangle, "Election 1&2". Il n’est donc pas étonnant de voir que son dernier film demeure toujours dans son domaine de prédilection : "Drug War" nous invite à suivre un trafiquant de drogue qui se faire choper par les flics et qui va accepter un compromis avec un inspecteur badass lui évitant la peine de mort en échange d’aider les autorités à faire tomber le réseau et les caïds le contrôlant. Et encore une fois, Johnnie To nous livre une histoire captivante, bien ficelée, qui dévoile ses secrets intelligemment et subtilement nous apportant ainsi son lot de rebondissements. Et, comme à son habitude, le tout est souvent posé (le film se base avant tout sur l’enquête), sublimé par une réalisation sobre mais totalement maîtrisé (le passage dans le port où toute une flotte de bateaux démarrent en même temps est impressionnant que par sa mise en scène !) et par moment, boom on assiste à une explosion soudaine de violence qui vous scotche littéralement au fond de votre fauteuil (à ce titre, le final apocalyptique est tout simplement hallucinant !). Autre bon point : la musique. Il n’y a rien à dire d’autre qu’elle colle parfaitement aux images, un bon boulot d’autant plus que c’est en continu du début à la fin. La belle surprise vient du fait qu’elle soit la création d’un compositeur français, Xavier Jamaux, qui est un habitué des films asiatiques ("Sparrow", "Written By", "Mad Detective", "Accident", "Motorway"). Mais le véritable intérêt de "Drug War" demeure les deux protagonistes principaux ainsi que l’interprétation incroyable des acteurs les incarnant : Honglei Sun ("Happy Time", "Mongol", "Seven Swords", "Triangle") nous campe un inspecteur à des années-lumières des flics des autres films policiers tant il est froid et terrifiant, on a plus l’impression de voir un criminel qu’un flic (à un moment, j’ai même cru qu’il allait tirer sur ce lui qu’il poursuit malgré la foule pour éviter qu’il ne s’échappe !!) ; et, paradoxe absolu, est capable de jouer le faux gangster joyeux qui rigole pour un oui pour un non afin de bluffer les criminels. Quand à Louis Koo ("Election 1&2", "La Légende de Zu", "Triangle", "Connected", "Shooters"), sa prestation est tout aussi plaisante même s’il est plus dans la retenue et l’ambiguïté mais c’est tout à fait normal puisqu’il ne dévoile jamais ses véritables intentions jusqu’au dernier acte du film (et c’est d’ailleurs une belle surprise :
ce dernier twist scénaristique nous dévoile alors l’un des plus beaux salopards manipulateurs de l’histoire des polars !!
). Bref, le choc entre ces deux personnages froids, posés et déterminés est absolument grandiose : tous deux sont prêts à tout pour arriver à leurs fins et c’est ce qui les rend finalement attachants. On a l’habitude de Johnnie To : arrivant toujours à nous surprendre tout en restant dans le genre qu’il maîtrise le mieux, il nous réjouit une fois de plus avec son "Drug War" qui plaira sans conteste autant aux amateurs de polars qu’aux autres. Ah, si seulement le cinéma français possédait le dixième du talent du cinéma asiatique…