Basil Dearden n’est pas le réalisateur vintage le plus connu, mais il a réalisé pour moi des grands films des années 60, Khartoum, et je ne doute pas qu’il y a d’autres pépites dans son œuvre, la preuve avec cette adaptation plus qu’enthousiasmante du dernier roman, inachevé, de Jack London. Alors oui, il y a des libertés, et la première de toute est d’avoir choisi une femme pour principal personnage, mais cette entorse est pardonnée lorsqu’on découvre Diana Rigg ! L’actrice offre une prestation tout à fait mémorable, drôle, pétillante, pas dénuée d’un petit message féministe mais pour la bonne cause car il est habilement distillé et justifié (femme journaliste avant la Première Guerre mondiale). Elle forme un duo qui fonctionne étonnamment bien face à Oliver Reed qui s’amuse comme un petit fou en truand gentleman et rusé. Ils sont très complices à l’écran. Autour de ce duo, des seconds rôles de valeurs, avec un casting international qui comprend Telly Savalas, Curd Jürgens, Philippe Noiret, Annabella Incontrera, Vernon Dobtcheff, tous hyper bien employés, avec une mention spéciale pour Incontrera, excellente en femme fatale, et Philippe Noiret qui joue avec gourmandise son sénateur hédoniste.
Outre ce casting de haute volée et aux personnages réjouissants, le métrage peut s’appuyer sur un récit d’une très grande efficacité. Le film est drôle, dopé par un humour très noir assez rare à cette époque, gentiment sexy, riche en scènes d’action spectaculaires (le final est digne des meilleurs James Bond de l’époque), un soupçon romantique, et il est sans aucun temps morts. On rentre très vite dans l’intrigue, et ensuite c’est une balade autour du monde des plus divertissantes et rocambolesques. Le métrage arrive en plus à mêler sa propre intrigue à une relecture uchronique du début de la Première Guerre mondiale, ce qui en dope d’autant l’intérêt et le côté ludique de l’intrigue.
Formellement, le métrage frappe très fort. Doté d’un budget visiblement opulent pour l’époque, les costumes et les décors sont flamboyants, avec une mention spéciale pour tout le passage à Venise (cela dit la reconstitution de maison close à Paris est superbe aussi), la photographie distille des couleurs superbes, les scènes d’action sont très spectaculaires, avec une scène finale qui hormis quelques plans n’a quasiment pas vieilli et faisait sans doute partie, à l’époque, des scènes d’action à la « Mission Impossible » aujourd’hui. La réalisation est ample, ludique (les inserts pseudo-historiques sont une excellente idée), très dynamique, et la bande son est au diapason de l’excellence du métrage dans son ensemble.
Pour ma part, Assassinats en tous genres est une comédie de haute volée. Tout est parfaitement huilé, il n’y a vraiment aucun défaut notoire. L’excellent casting est employé à propos, le scénario est aux petits oignons, les moyens financiers du métrage sont au service d’un spectacle flamboyant, luxueux et plein d’inventivité. Honnêtement, à découvrir assurément. 5