Après le très adolescent Lol, Liza Azuelos campe sur ses positions et transpose ses amourettes juvéniles dans l'univers des grands avec Une rencontre entre sa désormais actrice fétiche Sophie Marceau et François Cluzet. Encore une fois construit et réalisé comme un long clip vidéo débordant autant d'énergie que d'innombrables clichés, cette rencontre peut faire sourire si l'on s'abandonne complètement à cette charmante comptine, plus maladroite que mal intentionnée, comme un ado en somme.
Le dimanche, c’est l’heure de la romance.
Le dimanche, plus rien ne compte et nous sommes tous de paisibles bourgeois parisiens détachés des bassesses matérielles, uniquement occupés de l’amour et du compte Facebook de leurs charmants bambins, si spirituels et malins dans leur révolte d’adolescents ordinaires. Dans cet univers enchanté où l’on est évidemment beau et riche, parce que c’est ainsi, on n’oublie enfin les contingences de la vie quotidienne et on se laisse aller à une douce rêverie où les grands sentiments et les belles choses vivent en liberté et sans entraves, seulement interrompue quand il faut bien aller chercher ses charmants bambins envoyés à Londres ou en pension pour voler de leurs propres ailes. Alors l’on aime, enfin.
Ringard ? Oui, ringard peut-être mais ringard avec Sophie Marceau.
Car oui Sophie Marceau est là parmi nous, la seule et l’unique, courant allègrement sur ses 50 ans sans une once de regrets mais toujours avec ses airs de jeune première, éternelle garantie du génie français. La grande Sophie, fille de mime, fille de France et de tous les Français, et qu’il faudra bien nationaliser un jour si l’on ne veut pas qu’elle prenne par un beau matin brumeux un taxi direction Roissy pour aller elle aussi visiter la grandeur toute slave des palais russes. Sophie Marceau, imaginaire nationale à elle toute seule, qui garde bien caché dans un coffre suisse le secret de son éternel sourire juvénile mais qui offre à l’occasion sans retenue la vue de sa toute aussi iconique poitrine qui fit rêver de la Croisette à Alain Souchon, dernier des Marceauphiles, parce qu’elle appartient à chacun de nous, tout simplement. Sophie Marceau, moderne Marilyn qui ne nous abandonnera elle jamais, femme de défis et femme de cœur, qui comprit tellement bien celui des hommes qu’elle donna un jour le sien à Christophe Lambert, alors dernier des derniers, par-là sacré premier des premiers. Sophie Marceau donc, notre mère, notre sœur, notre femme, notre amie à tous.
Et puis, tout penaud d’abord, François Cluzet passe aussi par là. Lui le Cluzet, roi des Bougons, tribu installée dans le royaume de France depuis des temps immémoriaux, et qu’il gouverne avec sagesse et magnanimité, car les Cluzets sont des mecs géniaux, au fond. Alors qui mieux que lui, François si bien prénommé, premier des hommes de la rue et de cette espèce d’ours qui finissent par se faire peluches, qui mieux que lui pour enfin offrir à notre Sophie ce choix qui la taraudait depuis si longtemps, elle qui a tout mais finalement rien, car les héros ne vivent que pour les autres.
Alors enfin, loin du chômage et des déficits apparaît immense dans le ciel ce mot, simple et insondable à la fois, que Sophie et François nous offrent comme le parfait clin d’œil d’un soir d’été le long de la Seine, simple prolongement d’un des 1001 sourires de Sophie : amour. L’espace disparaît alors, la matière se rétracte pour laisser toute la place aux seuls sentiments, même le cinéma s’arrête comme gêné devant tant de beauté primaire et Sophie et François s’aiment, seuls mais au milieu de nous tous.
Quelle belle journée que le dimanche.