Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Tumtumtree
168 abonnés
533 critiques
Suivre son activité
3,0
Publiée le 19 novembre 2013
Claude Lanzmann est grand et "Shoah" est une œuvre majeure, c'est indéniable. "Sobibor" était aussi un document capital. Mais ce dernier opus ("Le dernier des injustes") ne s'avère pas à la hauteur, selon moi. Le cinéaste étire sur 3h39 le récit de faits qui l'auraient été qu'un petit interlude dans "Shoah". Le film se perd en digressions continuelles ou en indignations évidentes face à un tel sujet. De plus, par manque de clarté, on ne sait plus ce qui est vrai ou faux. "Madagascar" n'est-il qu'un nom de code pour la solution finale ou un vrai projet abandonné ? Les juifs de Theresienstadt savaient-ils qu'"aller vers l'est" signifiait mourir ? etc. On ne sait plus s'il faut croire ou non tout ce que dit le personnage principal de ce documentaire qui semble garder pour lui bien des événements et impressions. Reste une idée majeure et fort intéressante : la façon dont ce ghetto a servi de "conte des Milles et une nuit" pour qu'une certaine propagande allemande mais surtout ses habitants et son doyen puissent conserver les apparences et pour certains rester envie.
« Orphée, tremblant qu'Eurydice ne disparût et avide de la contempler, tourna, entraîné par l'amour, les yeux vers elle. » Regarder en arrière pour voir ce que le passé nous cache peut être dangereux. Mais c'est le travail acharné d'un homme qui a maintenant quatre-vingt sept ans. L'œuvre de toute une vie qui se poursuit aujourd'hui avec Le Dernier des Injustes, brillant témoignage du dernier doyen des Juifs lors de la Seconde Guerre Mondiale.
Nous avons affaire ici à un genre cinématographique qui appartient totalement à son auteur : le « ciné-histoire » subjectif. Lanzmann n'hésite pas à nous réciter des textes pendant plusieurs minutes avec un ton monocorde et une voix mélangeant sévérité et émotion. À l'image de sa mise en scène : très sobre mais aussi d'une certaine rudesse. Le Dernier des Injustes est l'antithèse de la série Apocalypse. Le cinéaste choisi de ne mettre aucune image d'archive dans son documentaire et de laisser parler le passé grâce à la parole et aux témoignages, notion essentielle au travail du réalisateur. C'est par le langage que la reconstitution peut opérer. Elle demande en effet beaucoup de concentration aux spectateurs, qui se rendent finalement compte que le pouvoir des mots peut être parfois plus important que les images.
Mais Lanzmann n'opère pas une mise en scène hasardeuse pour autant. Ses plans peuvent être longs et captent des lieux autrefois inhumains, aujourd'hui déshumanisés. Cette absence de vie nous fait une nouvelle fois retourner vers un passé douloureux qu'on ne doit pas oublier. Grâce à l'intelligence des questions de Lanzmann et la pertinence des réponses de Murmelstein. Si l'on peut douter de son entière innocence lors de la période nazie, nous ne pouvons rester qu'admiratif de sa capacité à argumenter n'importe lequel de ses comportements. Dénonçant la thèse de Arendt, l'ancien rabbin fait, durant ces nombreux entretiens, une description scrupuleuse de l'être humain en temps de crise.
Vieux de trente-huit ans, cet entretien avec le rabbin sort aujourd'hui sur nos écrans. Ce genre de perles historiques doit parfois prendre le temps de bien germer pour obtenir un tel contre-coup, et faire comprendre au public de quoi l'homme est capable. Lanzmann, tremblant que Murmelstein ne disparût et avide de l'écouter, tourna, entraîné par le devoir de mémoire, les yeux vers le passé.
Un film d'une importance capitale, tant sur le plan cinématographique qu'historique ! Indéniablement, le film le plus fort du Festival de Cannes cette année. D'une liberté totale et qui fera date. Cette pièce manquante à Shoah voit enfin le jour, et nous offre une plongée étourdissante dans l'âme humaine; plongée dont on ressort troublé, mais grandi... D'une inoubliable beauté.
Un très grand film, tout simplement. Puissant, de par son sujet et sa véritable force cinématographique, mais aussi profondément humain et très émouvant. Un film rare et fort, qui parle au cœur, à la mémoire et à l'âme.
indiscutable chef d'oeuvre, complément de Shoah un film magnifique qui donne des informations essentielles sur l'histoire de la destruction des juifs d'Europe, et répond à énormément de questions fondamentales c'est aussi une remarquable réponse à Anna Arendt
Même si Claude Lanzmann se défend à longueur d'interviews ces jours-ci d'avoir réalisé des entretiens complaisants, le film est tout de même un plaidoyer pro domo de la part d'un personnage, volubile, intelligent et souvent drôle, mais qui, pour avoir survécu à de telles circonstances, a forcément d'énormes parts d'ombre. Ce film pose la question infernale du « Qu'aurais-je fait dans les mêmes circonstances?». Question sans réponse tant les décisions prises à un instant donné dépendent de trop de raisons, bonnes ou mauvaises, conscientes ou pas, avouables ou pas, du niveau d'information que l'on a de toutes les composantes de la situation et de mille autres choses encore. Donc, bonne question pour susciter la réflexion mais à laquelle il n'y a pas de bonne réponse. De fait, ce qui m'a le plus intéressé dans ce documentaire ce sont les moments où Murmelstein remet les pendules à l'heure comme lorsqu'il dit que les habitants des ghettos étaient des martyrs mais pas des saints (rien de choquant en soit, la nature humaine est ce qu'elle est, mais qui oserait dire cela aujourd'hui?). Ou lorsqu'il insiste à plusieurs reprises sur l'ignorance dans laquelle étaient, jusqu'aux dernières semaines de la guerre, les protagonistes, en dehors des responsables nazis, de l'existence de camps d'extermination et de l'ensemble du système de la solution finale qui nous semble une telle évidence. Le recours à l'anachronisme étant la ficelle la plus facile pour susciter l'émotion, lire l'Histoire et formater les idées, on peut se réjouir qu'un tel documentaire soit projeté dans tant de salles de cinéma. Mais avait-il vraiment besoin d'être si long ?
Complément essentiel à Shoah (ce que n'était pas Sobibor), car bénéficiant d'un éclairage différent. Le titre provient d'un propos de Murmelstein, homme étonnant et fascinant quand on apprend par où il est passé. La notion de "juste" m'a toujours parue très discutable, ressemblant puérilement à l'inscription au tableau d'honneur d'autrefois. Ici Murmelstein, qui démolit - à juste titre- les appréciations hasardeuses d'Hannah Arendt sur Eichman - "c'était un démon" dit-il, nous apprend bien des choses sur le fameux ghetto "modèle" de Theresienstadt, et aussi sur l'avant guerre. Document en marge de Shoah, mais combien important. Seul regret, la présentation de Theresienstadt est vraiment floue.
Un documentaire magnifique et passionnant : un film très bien réalisé autour d'un entretien fleuve avec un personnage fort : Benjamin Murmelstein, qui au-delà de ses ambigüités donne là un témoignage historique fondamental et très émouvant. Pour ne pas oublier ... Long, mais on ne voit pas le temps passer ...
Un chef d oeuvre absolu, le documentaire le plus important depuis Shoah. Claude lanzmann est un homme brillant qui maitrise son film et son sujet de bout en bout. Bouleversant et indispensable
J'ai noté ce film comme chef d'oeuvre au même titre que "Shoah" en est un. "Le Dernier des injustes" est un film magnifique artistiquement et profond historiquement. J'en suis ressorti ému. Voir Lanzmann clore (mais est-ce vraiment son dernier film?) ainsi sa quête, tel un vieux lion révolté, est d'une force indescriptible. On ressort de ce film grandi.
Intéressant de voir comment certaines négociations et tractation étaient organisées en silence. C'est toujours tristement passionnant d'écouter des personnes ayant vécu cet enfer. Un peu long malgré tout, le montage fait qu'on s'ennuie parfois et on peut se laisser décrocher. A voir plutôt en plusieurs fois...
Quel ennui durant ce film interminable. Il s’agit de l’interview pendant 3h38 d’un long monologue du dernier doyen d’un ghetto entrecoupé d'autres monologues plus court du réalisateur lui-même lisant des textes. La réalisation est poussive (j’ai même entendu un spectateur ronfler car si l’histoire de ce personnage aurait pu être passionnante, la réalisation d’un ennui mortel en tue malheureusement l’intérêt). Seul bémol : l’interviewé critique la position d’ sur eischmann ce qui mériterait à soi tout seul un débat et le sujet d’un film qui pourrait lui être passionnant avec un réalisateur plus dynamique et moins égocentrique (on voit nn quasiment sur tous les plans ce qui n’apporte absolument rien).