Avis sur My beautiful country

La guerre du Kosovo n'est qu'un souvenir dans nos mémoires volatiles saturées de conflits plus ou moins compréhensibles à nos esprits occidentaux. Premier long-métrage de l'allemande Michaela Kezele, My beautiful Country, est passé totalement inaperçu lors de sa furtive apparition dans les salles françaises. Le film est pourtant attachant par sa manière délicate d'aborder une guerre apparue bizarrement trop "lointaine et locale" pour s'y intéresser hors les informations télévisées. My beautiful Country trace le portrait d'une jeune veuve, côté serbe, et sa rencontre avec un albanais blessé. Début d'idylle vite rendue impossible par la haine, sentiment que l'héroïne n'a pas les moyens de s'offrir avec deux enfants à charge. Un peu éparpillé dans son propos, ambigu parfois, le film touche par sa très belle photographie et son ton amer. Ce n'est manifestement pas le genre de cinéma qui déplace les foules. Encore aurait-il fallu lui donner un minimum d'exposition, le public est capable d'apprécier autre chose que des blockbusters.

Un beau film, délicat et réaliste mais triste. L'amour, la guerre, l'envie, le pouvoir, la haine ou pas....

J'avais plus ou moins l'âge du petit Danilo à l'époque où se situe le film, aussi, c'est par le cinéma que je peux découvrir cette guerre, peu enseignée au lycée. Et quel dommage que ce film ait complètement disparu des radars depuis sa sortie en 2014 ! Je n'ai pu le voir que dans une copie DVD allemande (heureusement j'ai assez de notions pour suivre un film sous-titré en allemand !).
Pour son premier long-métrage, la réalisatrice Michaela Kezele aborde le conflit du point de vue des civils, plus précisément avec le personnage de Danica, jeune veuve serbe, et ses deux fils. Dans ce village au bord du fleuve Ibar, qui sépare l'Albanie de la Serbie, c'est l'été, les enfants jouent dehors et le linge sèche sur le fil. N'étaient-ce les hommes en uniforme, les bombardements de l'OTAN et les carcasses de chars abandonnés, on pourrait presque croire que tout est normal. Pourtant la guerre est bien là, pesante en toile de fond, comme en attestent les informations à la radio et la télé. Dans ce contexte, Danica se retrouve à soigner et héberger dans le secret un soldat albanais, Ramiz. La méfiance initiale se transforme en affection, Ramiz trouve presque une place de père de substitution pour le petit Danilo... Mais évidemment tout ça ne peut pas durer.
La lumière est chaleureuse et la bande-originale magnifique. Le film est plein de délicatesse, avec même des touches d'humour (l'agneau !), et les quatre acteurs principaux sont convaincants (Zrinka Cvitešić est particulièrement lumineuse, elle me fait penser à l'actrice italienne Jasmine Trinca !). Il manque cependant au film un petit quelque chose qui le rendrait vraiment marquant, peut-être est-ce la distance que prend la réalisatrice avec son sujet ? Par exemple on a l'impression qu'elle n'ose pas aller plus loin dans la romance, qui aurait mérité d'être plus incarnée. Néanmoins c'est un joli film, qui permet en outre de faire connaître au public les agissements de l'OTAN, qui a utilisé des armes radioactives et a empoisonné ainsi la population. Ce genre de films est nécessaire pour témoigner pour les générations futures !