Avec Project Almanac, Dean Israelite réalise un premier film qui ne restera pas dans les annales. Tournée en « found footage », Project Almanac nous rappelle que cette technique de réalisation ne doit pas signifier que l’on tient sa caméra avec ses pieds.
David Raskin (Jonny Weston) est un jeune surdoué souhaitant intégré le célèbre Massachusetts Institute of Technology. Ses espoirs sont déçus par l’obtention d’une bourse trop maigre pour espérer se payer les frais de scolarité. C’est alors qu’il découvre, accompagné de sa sœur Christina (Virginia Gardner), une vielle caméra ayant appartenu à son père avant que celui meurt dans un accident de voiture. Aidé par l’enregistrement, il va retrouver les plans d’une machine à remonter le temps conçue par ce dernier. Marchant sur ces traces, aidé de ses amis Adam (Allen Evangelista), Quinn (Sam Lerner) et Jessie (Sofia Black D’Elia), il va tenter de l’assembler.
Il y a quelque chose d’absolument fondamental qu’il faudrait apprendre à tous les jeunes cinéastes : il y avait une vie avant Le projet Blair Witch. Si quelques œuvres ont su tiré profit du procédé du « found footage » comme Rec ou Cloverfield, la plupart ont été de lamentables échecs. L’utilisation de cette combine cache le plus souvent les lacunes de la mise en scène, du montage voire des effets spéciaux. Projet Almanac les cumulent toutes. Ici, les effets utilisés pour montrer le passage dans le vortex temporel sont dignes d’une fondue vidéo sur un logiciel bas de gamme que l’on aurait secoué dans tous les sens. Pour toutes les scènes de téléportation temporelle, il semblerait que le monteur ait mélangé tous les rushs qui lui restait pour ne rien gaspiller. Bien sur le « found footage », c’est aussi un moyen de produire des films à bas budget mais encore faudrait-il que la qualité soit au rendez-vous. Ce modèle semble être devenu celui de la paresse. Des cinéastes comme John Carpenter, George A. Romero, Peter Jackson et bien d’autre ont chacun révolutionner les genres horrifiques et science-fictionnels sans utiliser jusqu’à la nausée de tels artifices. Où sont donc passés les metteurs en scène courageux ? Peut-être du côté de Jennifer Kent et de son onirique Mister Babadook, de E.L Katz et son Cheap Thrills au cœur de la lutte des classes ou encore de celui de David Robert Mitchell et de son controversé It Follows.
Le calvaire vécu par le spectateur ne s’arrête pas là. On reconnaît la pâte de Michael Bay, producteur du film (et de la série des Transformers) dans l’inanité du récit et des dialogues. Ces derniers étant écrit avec les pieds (oui, les mêmes qui tiennent la caméra). Voulant se donner un air cool auprès de la jeunesse, Hollywood en livre une fois de plus une version des plus caricaturales, essayant de récupérer un langage auquel il ne comprend rien. Les jeunes gens, même présentés comme des génies de l’informatique, finissent toujours par ressembler à des débiles profonds. Les enjeux de l’histoire sont ineptes et totalement inintéressants. Durant les trois premiers quarts de Projet Almanac, le film lorgne davantage du côté de Project X que d’un quelconque film sur le voyage dans le temps respectant un minimum son sujet. Les arguments scientifiques de l’exploit sont balancés par les protagonistes comme on donnerait de la confiture à des cochons. Ensuite, les héros de Projet Almanac n’ont comme seul ambition que de tricher à leurs examens et de gagner au loto. Sauf que cela pourrait fonctionner si c’était une comédie alors que le film feint de prendre au sérieux les considérations métaphysiques de ces gamins. Ainsi, Dean Israelite propose un mélange des genres très mal dosé entre comédie pour adolescents et drame temporel. La seule trame qui valait le coup, développer pourquoi le père du jeune homme développait cet parapluie et pour qui le faisait-il, est passé à la trappe au profit de longues scènes ennuyante en festival musical.
La seule chose que vous gagnerez avec Projet Almanach est certainement une très grosse migraine et peut-être une nausée terrible. À part ça, ni les amateurs de science-fiction, ni même les ados venus rigoler un peu n’y trouveront leur compte.
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