Il y a 10 ans, mon arrivée dans l'univers d'Emmanuel Mouret avait été catastrophique : "Vénus et Fleur", à mon humble avis, un ratage complet. 2 ans plus tard, "Changement d'adresse", Mouret rentre dans mon panthéon personnel ! Depuis, pas de vraie déception avec des films qui continuaient d'être dans un registre rohmérien. Arrive "Une autre vie", un film qui quitte Rohmer pour s'intéresser à Truffaut. Certes, on est toujours dans le sentiment amoureux, mais on y est au niveau d'un adultère et du combat d'une femme pour reconquérir son mari. Tourné dans le Var et les Alpes-Maritimes, ce mélo au bon sens du terme est remarquablement interprété par un Joey Starr, étonnant en homme timide, tendre et touchant, Jasmine Trinca, une actrice italienne qu'on avait découverte dans "la chambre du fils", retrouvée dans "nos meilleures années" et plein d'autres films, Virginie Ledoyen, Stéphen Freiss et Ariane Ascaride. Comme c'est presque toujours le cas chez Mouret, et ce d'autant plus qu'Aurore, jouée par Jasmine Trinca, est une pianiste de concert réputée, on a droit à quelques beaux morceaux de musique classique. Et puis, il y a un gag, certes tout à fait involontaire mais qui, avec ce qui se passe en France actuellement, prend toute sa saveur : à un moment, on voit la première page du quotidien "Le Monde" avec un grand titre sur toutes les colonnes de la première page : "Hollande contraint de se justifier sur son virage". Emmanuel Mouret est-il sorcier ou bien doit penser qu'à force de prendre des virages à 180 °, Hollande, qui est d'ailleurs en Turquie en ce moment, se métamorphose parfois en derviche tourneur. Comme dirait Laurent Ruquier : ça Soufi !