Stephen Frears livre une délicate péripétie familiale sur fond de contestation religieuse et de parentalité réprimée. Le ton juste et léger adopté par le cinéaste, assorti aux excellentes prestations de deux acteurs principaux, la brillante Judi Dench et le remarquable Steve Coogan, font en sorte que non seulement Philomena est émotionnellement intéressant mais qu’il est aussi une excellente vitrine pour un sujet toujours très polémiqué. Pour autant, malgré une multitude de très belles qualités, principalement le fond très touchant de cette mère pessimiste mais obnubilée par une quête qu’elle n’aura jamais osé aborder, le film manque d’un certain tonus, d’un coté dramatique relégué au poste de prétexte. C’est somme toute le comédie Steve Coogan qui se cache derrière l’avènement du film, agissant respectivement comme ci-scénariste, comme producteur puis comme acteur. L’on comprend dès lors le manque de piquant pour ce qui est un film de Stephen Frears.
Comme mentionné, si le film est impeccable de bout en bout, il manque bien quelques éléments dans la recette pour en faire un inoubliable drame familiale britannique. Soyons franc, si le destin de Philomena et surtout de son enfant, celui qui lui fût arraché alors qu’elle était enfermée auprès de bonnes sœurs peu scrupuleuses, nous intéresse, l’on s’ennuie parfois devant un certain académisme, devant quelques leçons de morale sociale, même si souvent le ton est rehaussé par la franche hébétude bienveillante de Judi Dench. Si Steve Coogan fait le boulot, sur plusieurs front, c’est finalement à l’ancienne M de la saga James Bond, actrice mythique désormais, a qui l’on doit les meilleurs moments du film. Dans un mélange de rudesse propre à un troisième âge aussi blasé que défaitiste et d’une fraîcheur d’esprit toute innocente, l’actrice britannique excelle dans une certaine forme de naïveté crédule, tout en était un personnage d’une solidité moral remarquable.
Mais Philomena c’est avant tout une histoire de pardon. Les impardonnables méfaits des serviteurs de l’Eglise catholique ont-ils des répercussions sur la foi individuel. Selon Stephen Frears, qui adapte le récit de Martin Sixsmith, il semble que non. La vieille femme, fervente catholique jusqu’au bout des ongles, semble enfermé en elle une haine qu’elle masque en bonté. Incapable de se mettre à sa place, le public s’étonne de voir Philomena pardonner ouvertement à des femmes religieuses tout le mal qu’elles lui ont fait. Drôle d’histoire mais finalement pas tant que ça. Oui, la croyance personnelle est dissociée ici de l’industrie religieuse, d’une église catholique misérable qui enchaîne les casseroles. Sans doute par esprit de tempérance, même si le personnage de Steve Coogen lève le ton, le film ne s’affiche oh grand jamais comme le détracteur d’une institution bimillénaire.
Bref, si le fondement même du récit est intéressant, socialement parlant, si les acteurs sont excellents, la mise en scène de Stephen Frears s’avère trop rigide, le rythme trop timoré. Un excellent bout de film cependant, un petit drame sans la moindre méchanceté qui mérite, dans une certaine mesure, sa récompense vénitienne en 2013. Le mérite revient, encore une fois, principalement à Mme Judi Dench. 12/20