Dans son nouveau film, Stephen Frears, un auteur dont j'aime bien la filmographie (récemment j'avais bien apprécié Tamara Dreve ou un peu plus longtemps derrière l'excellent " Dirty Pretty Things"), nous dresse le portrait de Philomena Lee et de sa quête éperdue pour retrouver le fils qu'elle a mis au monde dans un couvent alors qu'elle n'était qu'une toute jeune fille, un fils qui lui a été enlevé par les religieuses pour être vendu à un couple d'américains en recherche d'adoption.
50 ans après les faits, alors qu'il ne se passe pas un jour sans qu'elle ne songe à son fils, Philomena fait la rencontre de Martin Sixsmith, un ex-journaliste de la BBC, qui s'intéresse à son histoire et avec l'aide de qui elle va entreprendre de retrouver son fils perdu.
Evidemment le thème fait penser à plusieurs oeuvres britanniques récentes, que ce soit "Magdalene Sisters", le film choc de Peter Mullan il y a une dizaine d'années ou alors, moins connue, mais tout aussi beau, "Une seconde vie", l'excellent roman de Dermot Bolger que j'avais chroniqué ici. Ces 3 oeuvres parlent en effet de ces adolescentes irlandaises brisées et humiliées, dont le malheur se répercuta sur les générations suivantes. Ces jeunes irlandaises, qui avaient le malheur de tomber enceinte, étaient envoyées dans des couvents loin des regards des voisins, et séparées de leurs enfants données à des étrangers pour adoption.
Forcément, ces trois oeuvres ne peuvent qu'attaquer la religion catholique, vu la nature des exactions commises par des religieuses à l'encontre des filles soi-disant perdues qui leur étaient livrées comme des proies. Si, contrairement à Magdalene Sisters, la charge de Stephen Frears est plus nuancée que celui de Mullan ( il faut dire que le film de Mullan était particulièrement agressif), le film m'a paradoxalement sans doute un peu moins convaincu que ce dernier qui m'avait laissé totalement KO à sa sortie.
Philomena, un peu à part dans la production de Stephen Frears, est certes un bon film, bien écrit, (plutot) bien filmé et bien joué, et toutes ces qualités le hissent forcément parmi les bons films à voir en ce début d'année 2014.
Cependant , l'ensemble a quand même un petit coté pépère, notamment dans la mise en scène qui multiplie les champ /contrechamp de façon assez attendue, surtout lorsqu'il s'agit de filmer les gentilles joutes verbales entre notre deux protagonistes. Ces deux protagonistes, qui bien qu'ayant réellement existé, m'ont semblé un poil un peu stéréotypés, notamment dans la dualité "snobinard-intello-athé" contre "prolo-inculte-catho", légèrement trop manichéene à mon goût.
Dommage, car ce Philomena utilise énormément cette dualité de ces deux personnages qui ne ferraillent pas avec les mêmes armes, pour les scènes drôles ou plus émouvantes, et parfois cela fonctionne ( la scène où Judi Dench raconte un livre en entier le long d'un trajet en transport en commun ), d'autres fois cela tombe plus à plat, malgré l'immense professionnalisme des deux acteurs qui visiblement ont eu une grande complicité à jouer ensemble.