2002. Une infirmière retraitée, Philomena (Judi Dench), décide de rompre le silence sur un drame qui l'a frappée 50 ans plus tôt, dans son Irlande natale, quand ado et orpheline de mère, ignorant tout de la vie, elle se retrouve enceinte, et contrainte par son père de vivre dans une institution religieuse pour "filles perdues", comme elle. Son petit Anthony de 3 ans est adopté sans préavis, et elle perd sa trace. Un ex-journaliste désabusé, le mondain Martin Sixsmith (Steve Coogan), reprend du service à cette occasion, et va l'aider. Ces deux êtres, que tout sépare, vont apprendre à se connaître et s'apprécier lors de l'enquête commune, de Roscrea en Irlande jusqu'aux E.-U, enquête qui doit permettre à Martin d'écrire – exercice inédit pour lui – « un récit sur des gens ordinaires, qui sera lu par des gens ordinaires ».
La trame de « Philomena » est tirée d'une histoire vraie - ce n'est donc pas un "conte de fées", ni un mélo sirupeux, mais un récit de chair, de larmes, mais aussi d'amour. Le scénario (récompensé à la dernière Mostra) est cosigné par Coogan - c'est un petit bijou. D'émotion, de drôlerie, d'humanité. Jamais simpliste, toujours simple (ce qui est bien différent !), où personne n'est tout blanc, ou tout noir - car la vie est plus nuancée que les a priori, et autres préjugés. La mise en scène est subtile et fluide. La distribution remarquable : Frears retrouve l'immense "dame" Dench (10 ans après l'excellent "Mrs Henderson présente") - elle rayonne dans ce rôle délicat de mère éperdue, trouvant la force de briser 50 ans de culpabilité(s) ; son partenaire, Steve Coogan, est tout aussi digne d'éloges, en intello revenu de tout, dont la morgue vient se briser sur le roc Philomena, en agnostique caustique aussi, conquis malgré lui par la foi candide de la vieille dame.
1 h 43 de grand bonheur – ce qui change agréablement des productions françaises récemment visionnées, toutes plus mal foutues et/ou insipides les unes que les autres !