J’avais vu quelques extraits de ce dessin animé qui m’avaient fait forte impression. Et bien c’est confirmé ! Le pitch d’abord : 1882, à Saint-Pétersbourg, le grand-père de Sacha, jeune aristocrate, disparaît lors d’une expédition à la conquête du Pôle Nord. Cet explorateur renommé exerçait une immense fascination sur sa petite fille. Persuadée que les recherches n’ont pas emprunté la bonne direction, Sacha s’enfuit pour tenter de retrouver son grand-père et le navire qu’il commandait. Tout séduit dans ce film magnifique : la jeune héroïne, battante, rebelle, déterminée, loin des princesses Disney au physique de Barbie et aux motivations amoureuses. L’originalité du scripte (qui, contrairement à ce qu’on pourrait penser, n’est pas de Jules Verne !) qui se démarque par son sujet ou plutôt par la façon dont il le traite, en prenant son temps. Le montage, très doux, la musique, superbe et bien sûr, le graphisme absolument splendide. Chaque plan, ou presque, est un tableau d’une infinie richesse picturale : les palettes de couleurs pastel oscillant entre le blanc de la banquise, le bleu de la mer, le gris du ciel ou le rose des nuages composent des images d’une grande poésie. Plusieurs scènes impriment durablement la rétine : la vie dans la taverne, la traversée à bord du bateau, la bagarre entre les marins affamés, la tempête de neige… Rémi Chayé a mis 10 ans à accoucher de son film. Il n’a pas perdu son temps, pour un premier essai, c’est un coup de maître.