Autant être honnête d’entrée : au vu du pitch, de l’affiche, puis de la bande-annonce, je n’étais que très modérément emballé. Seule l’originalité du style visuel m’attirait. Le reste avait des vieux relents de dessin-animé fauché qui essayait de voguer sur les codes du spectacle pour enfants de bobos. Bref : pas ce qui me fait grimper au rideau… Et pourtant, je dois bien l’avouer, même si cette intrigue met un peu de temps à démarrer, il me faut bien reconnaitre que le charme a fini par agir sur moi. Certes, les enjeux sont simples et les personnages très basiques, mais c’est bien de là que se trouve toute la fraicheur et l’intérêt du film. Parce que oui, parfois, une histoire simple, eh bah ça fait du bien… C’est que ce « Tout en haut du monde » sait bien cacher son jeu. Parce que l’air de rien, derrière ses graphismes et son intrigue rudimentaires se cache parfois un joli caractère. Certains plans sont vraiment de remarquables compositions picturales. Dans cette épure la plus totale, l’équipe de Rémi Chayé parvient parfois à dégager de vraies lignes saisissantes, surtout aidé par un jeu vraiment savant des teintes et de couleurs. S’en est presque dommage qu’à ce niveau, tous les plans ne se valent pas. Certains m’ont paru vraiment cheap et sans saveur, comme la scène du bal par exemple. Pour le coup, je me croyais davantage dans un dessin-animé amateur que dans un film osant adopter une démarche visuelle audacieuse. Même chose finalement pour le character design : si certains personnages cèdent aux convenances trop facilement (Larson notamment), d’autres se révèlent au contraire très expressifs, malgré le minimaliste des traits (les voix aident aussi. L’air de rien, le casting a du mordant). Et enfin, dernier point pas anodin dans ce film : la musique. Même si Jonathan Morali se risque à un moment eà un morceau en anglais qui dénote totalement avec l’atmosphère du film (comme quoi ce film avait décidé d’être inconstant dans tous les domaines), les compositions de Jonathan Morali (déjà responsable de la très bonne B.O. de Möbius) ne manquent pas de souffle et contribuent clairement à l’élan général qui se dégage de ce long-métrage là. Parce que oui : au fond, derrière ce listing technique presque dénaturant, il n’y a bien qu’une seule idée que j’ai envie de retenir. Finalement, ça marche. Oui, ce film a une personnalité, un charme, et qu’importe si, sur bien des aspects, je le trouve aussi inégal. Un dessin-animé qui sait faire simple tout en étant délicat, épuré tout en étant beau, moi c’est le genre de bonnes découvertes ça me satisfont amplement. Or, en ces temùps difficiles, ce n’est déjà pas si mal…