Autour de Minuit représente l'archétype même du film que j'ai envie d'adorer avant même de l'avoir commencé. Il y avait tout pour me plaire dans ce long-métrage de Tavernier, que ce soit la musique, les âmes tourmentées et perdues dans des nuits romantiques et magnifiées, les boites de jazz ou encore les années 1950.
Et pourtant rien, ou presque, ne marche...
Autour de minuit me laisse sur une énorme déception et un sentiment très mitigé, Tavernier ne semble pas aller au bout de ce qu'il entreprend et semble bien plus intéressé par la nostalgie voire le jazz que par sa mise en scène et l'histoire qu'il raconte. Les personnages sont peu développés, voire même trop caricaturaux jusqu'à en devenir légèrement énervants tandis que tout, ou presque, est prévisible dans ce film hommage à Bud Powell et Lester Young.
A la limite ça ne serait pas tant préjudiciable si Tavernier arrivait à mettre en place une atmosphère adéquate, nous faisant ressentir la chaleur des bars, des saxophones, de l'alcool et la passion musicale, mais ce n'est que partiellement le cas, rendant du coup son film bien trop long pour ce qu'il raconte et provoquant même l'ennui à certains moments. Effectivement, aussi bonne peut-elle être (et elle l'est), la musique ne fait pas un film et ici, elle n'est pas toujours utilisée à bon escient, coupant même par moment le rythme, Tavernier se montrant maladroit et ne sachant guère jongler entre le cinéma et la musique.
Il reste tout de même quelques points à sauver outre sa bande-originale, à commencer par la façon dont Tavernier nous emmène dans les années 1950, entre les fumées de cigarettes et les vapeurs d'alcool où le public est alors happé par la musique jouée. C'est aussi dans le portrait de ses deux âmes tourmentés qu'Autour de minuit trouve une certaine rédemption, notamment ce jazzman en proie à l'alcoolisme et la solitude mais qui va voir sa vie modifiée lorsqu'il va rencontrer ce dessinateur qui lui propose son amitié et des vrais rapports humains.
Bref, une immense déception pour une oeuvre que j'avais envie d'aimer et dont le projet, sur le papier, était bougrement attirant. Pourtant, Tavernier semble se désintéresser de la mise en scène et de l'histoire pour ce concentrer sur la nostalgie et la musique, ne créant du coup aucune véritable atmosphère ou émotion et négligeant en partie les personnages.