Comédie tenant d’avantage du sketch télévisuel que du long métrage par définition, Pop Rédemption parvient cependant à faire rire le minimum nécessaire en vue de ne pas sombrer dans la futilité. Qualifié d’authentique film de potes, c’est vrai, le film de Martin Le Gall, accessoirement coaché par Alexandre Astier, n’est pourtant pas réellement un travail pris à la légère. Alors que l’on pouvait espérer découvrir une réelle comédie affranchie de tous les mauvais tocs de la comédie française et internationale actuelle, la légère désillusion découlant d’un concept finalement très coutumier au genre n’est pas bénéfique à l’œuvre en générale. Partant d’un bon pied, cette franche déconnade, de prime abord, n’est pourtant pas si différente de la masse, une masse comique qui n’est pas franchement, au jour d’aujourd’hui, très en forme. Ce conformisme à la comédie moralisatrice n’avait, selon toute vraisemblance, pas sa place ici. Dommage.
Pour le reste, faire du Black Metal le pilier d’une comédie était un pari osé mais payant. Qu’importe les interprètes, Julien Doré étant accessoirement complètement nul en tant qu’acteur (accent, prestance, dynamisme), de voir se trimballer ces metalheads du dimanche dans une galère les menant tout droit à la fête de la fraise est plutôt amusant, qui plus est assorti d’une bonne palette de répliques bien torchées. Oui, mais si tout commence bien, le final, comme mentionné, n’est qu’une variante américaine de la réunification des pensées par la musique. Partant du Black Metal, voilà qu’une bande d’ahuris sauvés de leurs pensées occultes viennent délivrer un morceau ringard sur la scène d’un prestigieux festival de metal. Et tout le monde applaudit! Que de mièvrerie alors que place aurait due être faite à la franche rigolade.
Alors que l’on nous vend par ailleurs un film soit disant documenté, force est de constater que la Black Metal pour Martin Le Gall et ses confrère n’est pas le même que pour moi. Bref, alors que grimés comme les trublions légendaires de la scène norvégienne actuelle, nos amis se prennent pour la descendance française des légendes que sont Darkthrone ou Immortal, voilà qu’une monstrueuse erreur technique pointe le bout de son nez. La vedette du Hell Fest n’est qu’un vieux grigou, parodie d’Ozzy Osborne, et la musique découlant des enceintes lorsque soit jouée par nos quatre abrutis soit écoutée par leurs huit oreilles respectives n’est aucunement définissable comme Black Metal. Se jouant d’une étiquette de Rockeur de l’extrême, tout le monde s’est planté en faisant un film non pas sur le Black Metal mais d’avantage sur le Heavy Metal. Entre parenthèse, étant aussi bien habitué que l’on puisse l’être de ce genre musical, j’ose affirmer que Julien Doré est aussi nul en beuglant qu’en délivrant sa musique infâme dans la peau d’un musicien-chanteur de musique dite populaire.
Décevant même si, ne le cachons pas, quelques éclats de rire viennent égailler la séance. Dommage que Martin Le Gall ne soit pas aller plus loin. L’on notera par ailleurs que les rires ne viendront jamais d’un échange habilement écrit ou d’effets scénaristiques, mais uniquement de la bêtise des personnages. Qu’il s’agisse des membres de Dead Makabés (absurde) ou de toute la faune policière, rurale ou hautaine qui tourne là autour, tout le monde est ridicule, d’où une franche rigolade. Est-ce suffisant pour prétendre à faire d’un film un succès? Je ne le pense pas. 07/20