Tommy Lee Jones est grand..... Dans le cadre de son cher Texas, il bâtit des histoires qui ne ressemblent à rien de connu -en tous cas, pas à du western spaghetti ou classique!
Sans doute est ce l'automne, les nuits sont glaciales et toute la nature est sèche, brûlée, jaune. La beauté des images! Rien que les cieux immenses et la terre, si plate, si désolée, si nue....
Mary Bee est une vieille fille (elle a dépassé les trente ans, âge où dans cette vie, les femmes sont déjà usées, ravagées, vieilles). Seule, elle cultive sa terre, mène ses deux chevaux de labour. Le travail, l'église. Sa maison est coquette et impeccablement tenue. Meubles au cordeau, coussins et rideaux, des fleurs sur la table. Mais voilà, en bonne chrétienne, elle voudrait se marier, avoir des enfants, et s'offre comme un contrat à ses voisins célibataires: son nombre d'acres, les porcelets qu'elle va acheter.... les galants se défilent, effrayés par cette maitresse femme. Ils préfèrent retourner vers l'Est, la civilisation, et se ramener une fille douce et féminine...
Le problème, c'est que les filles douces et féminines ne résistent pas longtemps à la dureté de la vie, l'aridité, la difficulté d'avoir des récoltes quand le soleil grille tout. Ces gens sont venus là pour avoir leur ferme, devenir prospères.... Illusions. Et, rien qu'autour du village, trois jeunes femmes ont perdu la raison. La suédoise Gro (Sonja Richter) est mariée à une brute, et bien qu'elle partage le lit de sa mère, cela n'empêche pas la brute de venir chercher son dû la nuit; le jour il frappe. Elle est devenue dangereuse. Arabella (Grace Gummer, la fille de Méryll Streep) est toute jeune. Elle donnait le sein à son bébé -puis l'a jeté dans le trou des latrines. Les trois enfants de Theoline (Miranda Otto) sont morts de diphtérie. Depuis, elle serre dans ses bras une poupée de chiffon....
Le pasteur (John Lithgow) a trouvé une solution: la bienveillante femme d'un de ses collègues (Meryll Streep, très dame patronnesse, on est bien loin du diable habillé en Prada!), dans la civilisation, de l'autre côté du Missouri, accepte de les recueillir et de s'occuper d'elles. Le tout est de les convoyer. Un bon mois de route, et toutes les embûches possible en chemin: bandits, indiens.... Les hommes de la communauté se défilent tous. Leur famille, leurs champs... Reste Mary Bee! Mais, elle est bien consciente que cela va être une mission impossible pour une fille seule. Alors, voila qu'en chemin elle croise un presque pendu sur son cheval. Sadiques, ses juges improvisés l'ont laissé là, attendant que le cheval bouge, ce qui finira bien par arriver.... Va t-elle le dépendre? Elle pèse le pour et le contre de l'intérêt de la chose. Finalement le pour l'emporte, et elle embarque le dépendu comme assistant.
Voilà, le film, c'est le voyage du duo improbable, et ce sont de formidables caractères que nous montre Jones. Elle, avec sa volonté, sa tête de cochon, son autoritarisme -mais aussi ses failles, ses faiblesses, toujours cette obsession de finir vieille fille, la pitié pour ces trois malheureuses qui en même temps font peur..... Lui, Briggs, n'est même pas un bandit, juste un marginal qui subsiste plus ou moins honnêtement (moins, en général) à grand renfort de mauvais whiskys et une seule préoccupation: sa pomme....Deux caractères, deux acteurs prodigieux.
C'est, sans aucun doute, un des meilleurs rôles de Hilary Swank. Elle est faite pour ça, ces filles fortes et revêches. Dans je ne sais plus trop quel film, elle jouait une femme fatale: ça lui allait comme un tablier à une vache.
C'est un film fort, prenant et superbe. A ne rater sous aucun prétexte....