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Sagramanga
23 abonnés
87 critiques
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1,0
Publiée le 14 décembre 2012
Mais que la misère est jolie ! Ayant lu quelques d'articles vantant le travail de Sylvain George, et partant donc d'un à priori favorable, j'avais hâte de voir l'œuvre de ce documentariste au regard prétendument poétique. Aussi, la déception fut grande devant cette 'balade dans la zone de Calais' sous psychotropes qui ressemble vite à un très laborieux vidéoclip de la misère. Ce montage désolant en cut-up d'images, péniblement retravaillées par ordinateur, inondé d'un noir et blanc charbonneux, déréalise les lieux et les personnages, ces pauvres immigrés clandestins n'y sont que des pantins macabres (en voyant ces êtres égarés, errer dans les rues désolées et les faubourgs en friche de la ville, on peut même penser à des scènes de LA NUIT DES MORTS VIVANTS de George Romero). Là où le réalisateur se loupe particulièrement, c'est que s'il voulait nous faire éprouver de l'empathie pour ces hommes, il les condamne au rôle de faire-valoir des ses délires formalistes. Même durant les quelques scènes où ils témoignent de certains aspects de leur combat de réfugié clandestin (les seuls moments du film un peu captivants), le réalisateur parvient même, par l'usage de gros plans particulièrement laids qui déforment les visages et font ressortir les défauts physiques, à rendre ces hommes effrayant et hostiles. Et comme si ça ne suffisait pas, certains plans (heureusement, ils sont rares) sont accompagnés d'une musique très désagréable, faite de couinements d'accordéon désaccordé (en fait, c'est de l'harmonica, mais ça n'en est pas moins pénible).
mission curiosity sur Terre : une caméra sismographe gratte le sol, les surfaces, les matières, prélève des fragments, enregistre des passages dans son champ visuel et sonore, en quête d'une trace d'Être, une présence que rien n'arrêtera. Aucune loi n'arrête un souffle. Les barbelés ne retiennent que des lambeaux de vieux vêtements déchirés, comme des peaux abandonnées après une mue, vide de leurs occupants, déjà loin, ailleurs. Disparus. Dans ces manches et ses capuches ne s'engouffre plus que de l'air, ce vent puissant dont parle déjà Walter Benjamin et qui vient de loin pour gonfler les ailes de l'Angelus Novus. Ceux qui refusent d'être les victimes de fausses guerres, ceux qui refusent de se laisser monter contre leurs propres frères. Présence vivante en tant que rescapée. Pas encore sauf, mais en chemin. Le plus farouche des athées sera renversé par le plan d'un homme qui prie au bord du canal ; la beauté des visages, des corps, des regards de ces naufragés suppliciés qui chantent et sourient au bord de la consumation existentielle. Parce que nous aussi nous sommes déjà morts. Pas au milieu de la Méditerranée, agrippé à la jambe d'un compagnon d'infortune à deux doigts de la noyade, non. Mais la catastrophe a déjà eu lieu. Planétairement. Nous sommes de l'autre côté, retournés. Cette planète est sorti de son axe et dérive dans l'espace... une île bardée de grillages...