Cinéma et football – sport le plus médiatisé de France et d'Europe – n'auront fait bon ménage qu'à de rares occasions, souvent grâce à l'hexagone ou à l'Angleterre. On retiendra donc quelques titres comme « Coup de tête » de Jean-Jacques Annaud, « A mort l'arbitre » de Jean-Pierre Mocky, « Didier » d'Alain Chabat, « My Name is Joe » et « Looking for Eric », tous deux de Ken Loach, « Shaolin Soccer » du prodigieux Stephen Chow, « Hooligans » de la réalistrice Lexi Alexander et la trilogie « Goal! ».
Après un série consécutive de films tous plus calamiteux les uns que les autres, « Jimmy Grimble », « Joue-la comme Beckham », « Deuxième vie », « 3 Zéros », « Les Seigneurs », le ballon rond nous offre aujourd'hui « Les Petits princes », réalisé par le novice Vianney Lebasque.
Synopsis Allociné : JB, jeune prodige de 16 ans, est le dernier à intégrer le centre de formation où évoluent les plus grands espoirs du ballon rond. Entre l'amitié, la compétition, les rivalités et son attirance pour Lila, une jeune passionnée de street art, JB va devoir se battre malgré le lourd secret qui pourrait l'empêcher d'atteindre son rêve.
« Les Petits princes » est le premier film du monteur / réalisateur de making-of Vianney Lebasque (bande-annonce de « Bref » saison 2 et plusieurs autres webséries). Pour rendre « Les Petits princes » le plus réaliste possible, le metteur en scène s'est attaché les services de comédiens sachant déjà jouer au football. Aucun trucage n'a donc été réalisé durant les prises de vues. Les jeunes acteurs Paul Bartel et Samy Seghir réalisent eux-mêmes les gestes techniques qu'on voit à l'écran. Voilà quelques secrets de tournage croustillants.
Si « Les Petits princes » n'a rien de révolutionnaire en soi, on peut dire que la formule du jeune footballeur prodige en quête de rêve et de gloire, malmenés par une malformation cardiaque contrariante, fonctionne plutôt bien ici (« Les frères Scott » passés par là?), en partie grâce à la mise en scène sobre, judicieusement et suffisamment en retrait pour mettre en lumière les personnages, interprétés par des acteurs inspirés. On note quelques séquences qui font mouche grâce à des répliques dopées au pop-langage ou des situations foutraques sympatoches (la défonce au Space Cake lors de la soirée festive).
Soyons réalistes, le long métrage n'est pas dépourvu d'affreux défauts, il n'évite pas, par exemple, les pièges faciles des passages obligés (querelles dans les vestiaires, bizutages, training montage, premiers émois, la partie de fifa entre potes), les oppositions sociologiques un peu niaises, martelées à coup de contrastes paresseux (filles / garçons, campagne / ville, sport / art, banlieues / Saint-Germain), la morale attendue (« un bon joueur, il joue bien. Un très bon joueur, il rend son équipe meilleure. C'est un sport d'équipe, n'oublie jamais ça »), les dialogues truffés d'argo ou les clichés sur la jeunesse dorée parisienne boulimique de street art après les cours de géographie (on peut d'ailleurs admirer le travail de l'artiste Fred Le Chevallier).
L'ensemble du casting remplit le cahier des charges, sans friser l'hystérie de performance, avec une mention spéciale pour le jeune Paul Bartel, touchant sur et en dehors du terrain, notamment lors des scènes avec son padre, fermier par choix volontaire.
Bilan : Contre toute attente, « Les Petits princes » est un long métrage plutôt sympa, qui fonctionne bien grâce aux séquences d'entraînement et de matchs filmées avec un dynamisme certain et une histoire qui tient la route.