Vianney Lebasque a fréquenté dans son adolescence les centres de formation, et il a dû arrêter à la suite d'une blessure. Cette connaissance personnelle explique à la fois les raisons de son choix d'un tel sujet, mais aussi la précision quasi-documentaire et la justesse de nombreuses situations. Pourtant, il ne s'agit pas d'un docu-fiction, ni d'un remake scénarisé d'"À la Clairefontaine" ; le film démarre par un événement qui introduit d'emblée un suspens dramatique, la révélation de la malformation cardiaque de JB. À la lumière des décès sur le terrain de Marc-Vivien Foë, de Miklos Feher ou d'Antonio Puerta, on comprend vite l'enjeu du récit : peut-on aller jusqu'au bout de son rêve au risque d'y laisser sa vie ?
Issu de la campagne, fils d'agriculteur, JB a plus le profil d'un cycliste ou d'un footballeur des années 50, et quand il débarque dans le centre de formation où règne le charriage, c'est naturellement qu'aux "Gitan !", "Chinois !" ou "Cousin !" vient s'ajouter un "Paysan !" peu accueillant, d'autant que dans ce milieu concurrentiel, un nouveau venu talentueux est avant tout perçu comme une menace. Heureusement, JB est pris en charge à la fois par El Malah, son camarade de chambre qui est lui immédiatement accepté parce qu'un autre Togolais le protège, et par Reza, l'adjoint de l'entraîneur qui a fréquenté le centre par le passé, et qui a visiblement connu un accident de carrière qui explique qu'il ne soit pas en équipe professionnelle.
Dans un tel cadre, difficile d'éviter les clichés, et Vianney Lebasque n'y parvient pas toujours. Des situations convenues s'enchaînent, comme la rivalité de JB avec le petit frère de la star de l'équipe professionnelle, la mise à l'écart du bizut digne du teen movie moyen, l'amitié trahie-mais-non-finalement-pas avec El Malah, ou le rejet de son origine paysanne par le petit prince menacé par la grosse tête. Mais le film parvient à dépasser les lois du genre grâce à d'autres qualités que n'avaient pas par exemple " Comme un Lion", autre film récent se passant dans un centre de formation : l'humour et un vrai savoir-faire pour tourner les scènes de football. Exemple de l'humour des dialogues, le médecin du club annonce que les joueurs devront aller chez le cardiologue, et il leur indique où c'est : "À côté du nouveau théâtre..." - silence interloqué - "... En face du McDo" - approbation massive...
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