Absolument aucune idée de ce que j'allais voir hors l'affiche, et j'ai été bluffé. Ce n'est qu'au tiers du film que je me suis rendu compte qu'il s'agissait vraiment d'un huis-clos, sans espoir de voir un autre personnage que les têtes d'affiche, et c'est dire l'intensité où Polanski nous plonge. Quel talent ! Quelle maîtrise ! Un vrai film sur un face-à-face entre deux personnages dans un espace clos, sans que ça ait à voir avec du théâtre filmé. En parfaite adéquation avec le thème du masochisme, le scénario est très intelligent, profondément pervers, torturé, brillant. Pas de surprise, venant de Polanski, mais une vive admiration devant la méthode. Pour les acteurs, j'apprécie peu Amalric habituellement qui a tendance à cabotiner, comme dans "Jimmy P". Mais Polanski est un vrai directeur d'acteurs, au contraire de Despleschin, et il le transcende. Amalric incarne son personnage à 100%, fiévreusement, intégralement (on notera aussi, et ce n'est sûrement pas un hasard, sa ressemblance physique avec Polanski jeune). Renseignement pris, Polanski a obtenu ainsi le César du meilleur réalisateur pour 2014, et c'est amplement mérité. Mais pourquoi avoir dérobé celui de la meilleure actrice à Emmanuelle Seigner ? On la voit si rarement, contrairement à Sandrine Kiberlain (et même si cette excellente actrice m'a beaucoup amusée dans "9 mois ferme"). Ce rôle est un très beau cadeau de son mari, qui veut montrer les multiples facettes des talents de son épouse, en plus de sa sensualité. Pour résumer, cela ne plaira pas à tout le monde mais c'est à voir, et pas seulement ceux qui veulent se faire du mal...