"La Vénus à la fourrure" est... une étrange mais théâtrale leçon de cinéma à la Polanski. Alors pour commencer, ce n'est que le deuxième film que je visionne de sa filmographie, le premier film que j'ais regardé étant "Le Pianiste" racontant l'histoire d'un pianiste polonais juif et de ses malheurs lors de la seconde guerre mondiale. Ce film là est un vrai chef d'oeuvre et mérite d'être visionné encore et encore mais il ne m'a pas séduit pour la raison simple que je ne suis pas du tout fan des films de guerre, c'est un genre déprimant et qui va souvent le réalisme, et le réalisme dans les films de guerre amènent souvent du nihilisme et ce n'est pas du tout ce que je recherche dans le cinéma en général, c'est pour cela qu'il n'y a que quelques rares films de ce genre qui arrivent vraiment à attirer mon attention comme "Full metal jacket", ceux de Spielberg parce que c'est un must ou "Apocalypse Now" de Coppola qui est incroyablement frappant de réalisme et très dérangeant.
Revenons maintenant à ce qui nous intéresse, "La Vénus à la fourrure" qui est un film à huit clos se déroulant entièrement dans une pièce de théâtre, il est question d'une audition pour jouer une pièce adapté par Thomas le metteur en scène et il mettra à l'épreuve une comédienne ayant le même nom que son personnage, à savoir Vanda mais qui a une personnalité qui ne lui plaît absolument pas. Je n'ais pas du tout suivi la promotion de ce film à sa sortie en salle à cause de mon scepticisme pour son film "Le Pianiste", mais alors là pour le coup je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi intelligent, sensuel, drôle mais aussi très tordu. Ce film ici ne se limite pas du tout qu'à une simple audition d'une comédienne au langage de collégienne aux premiers abords se présentant pour jouer une femme adorable et innocente se trouvant pourtant dans oeuvre érotique, il apporte énormément de chose que ce soit avec les deux personnages et leur véritable nature, la mise en scène ou encore la tournure très inattendu que prend cette histoire.
Si il y a bien une chose sur laquelle Polanski m'a agréablement surpris, c'est pour sa mise en scène ou il y a beaucoup d'idée vraiment délicat et ingénieuse. Lorsque Emmanuel Seigner et Mathieu Almaric sont sur scène en train de jouer une scène, on a le droit à l'ajout des bruitages durant les actes jouées par les deux comédiens sur scènes lorsqu'ils imitent des actions censé se produire en vrai comme le touillage d'une tasse de café, la signature d'une feuille de papier et j'en passe, sans compter que Polanski arrive pendant une heure et trente deux minutes montre en main avec des plans très variés les uns des autres, et une histoire qui se déroule en temps réel dans un petit théâtre d'à peine cent places dans la salle. Les points de vue et les angles sont très diversifiés et il en va de même pour les jeux de lumières avec les projecteurs de la salle, il utilise l'écho de la pièce au lieu de faire un mixage des sons pour l'intonation des voix des acteurs afin de nous plonger dans un vrai théâtre comme si nous y étions, parce que littéralement parlant ce film est également une sorte de pièce de théâtre en temps réel. Autre surprise pour la mise en scène, c'est l'utilisation de la musique qui est très discrète mais qui intervient uniquement pour les scènes ou Thomas et Vanda jouent des scènes de la pièce de théâtre, Alexandre Desplats à qui l'on doit la musique de "Twilight, chapitre 2 : Tentation" (Quel bonheur de reparler de cette saga...) mais aussi de "Harry Potter et les reliques de la mort partie 1 et 2" (Vraiment superbe au passage) a composé une musique plus en douceur, principalement au piano pour la plupart sauf pour les dernières, mais après tout c'est tant mieux pour du théâtre c'est exactement ce qu'il fallait. Son nom me revient de plus en plus souvent d'ailleurs, il est à surveiller de plus en plus près.
Pourquoi me direz-vous que ce film est une pièce de théâtre ? Et bien grâce aux acteurs dans tout les sens du terme. Mathieu Almaric et Emmanuel Seigner (sa femme) interprètent des purs acteurs de film et de théâtre dont le réel vient se mêler à l'intrigue érotique et sadomasochiste de l'histoire de Sacher-Masoch. On m'avait dit qu'Emmanuel Seigner n'arrivait pas à être naturelle dans les films ou elle jouait, mais là elle fout une sacrée claque, être capable de jouer à la fois un personnage de la vie réel ainsi qu'un personnage de pièce de théâtre
tout en arrivant à lié les deux (à savoir la Vanda réelle et la Vanda de la pièce) pour manipuler le metteur en scène, intervertir son rôle avec lui et le dominer pour enfin lui révéler sa vraie nature et son total dégoût pour cette pièce décadente et rabaissant pour les femmes en forçant Thomas à devenir théâtralement le personnage de Vanda
, c'en est presque choquant, autant dire qu'elle l'a mérité son césar de 2013. Mathieu Almaric est loin d'être en reste et son césar de 2013 pour le meilleur acteur n'est pas volé pour lui non plus, son personnage, Thomas le metteur en scène s'engouffre et s'obsède petit à petit dans sa pièce et ses personnages en voyant l'intensité grimper dans son interprétation et celle de Vanda
(la réelle)
, bref ces deux personnages changent en continu de comportement, les rôles s'intervertissent et on entre dans un système tordu mais avec une touche d'humour pour décompresser et relâcher la tension et l'intensité, surtout avec le comportement dynamique, têtu et très vulgaire de Vanda qui interprète le sens de l'histoire à sa manière dans ses propos.
En revanche, si il y a bien un point sur lequel j'ais des choses à redire : c'est peut être pour sa morale de lutte entre les deux sexes. Je tiens à prévenir que je n'ais pas lu l'oeuvre d'origine dont est question la pièce de théâtre donc je ne jugerais qu'en fonction de ce que j'ais vu dans ce film. Quelque part, c'est la bienvenu parce que opposer le point de vue des deux personnages par rapport à l'histoire de La vénus à la fourrure, mais après je pense qu'il est beaucoup plus facile d'apprécier ce film ou d'avoir un point de vue plus évolué en lisant l'oeuvre en question, en général ça aide à apprécier à film quant ce dernier tourne autour d'un bouquin. Parce qu'ici on n'a qu'une représentation visuelle et partielle de l'histoire d'origine, et à vrai dire ce n'est pas un débat dans lequel on peut participer si on ne connait pas l'histoire... alors personnellement je suis pour l'égalité des sexes et la reconnaissance des droits de la femme comme beaucoup mais, disons simplement que je n'arrive pas à avoir d'avis avec la façon dont Polanski traite la question (même si la couverture du livre en question laisse clairement penser à une oeuvre pornographique).
Ensuite, et histoire d'abréger sur les problèmes de "La Vénus à la fourrure", ce film ne plaira pas à tout le monde. Parce que les films à huit clos qui se passe sur un même lieu, qu'ils soient maîtrisé ou pas, c'est pas bien compliqué : ou on entre dedans d'une manière ou d'une autre ou alors on n'accroche pas car voir un décor identique pendant une heure voire deux heures peut poser problème malgré un jeu d'acteur surprenant et une histoire qui tient la route. Je peux comprendre que ça en fatigue certains qui vont au cinéma pour voir un film avec un univers riche et des décors variés, mais bon tout ça n'est qu'une question de goût au final.
"La Vénus à la fourrure" : c'est pas mon film préféré, mais malgré tout ce n'est pas une réalisation que je risques d'oublier, c'est du beau cinéma même si ça ne plaira pas à tous à cause du fait que ce soit un film à huit clos.