Dans la continuité des semaines précédentes, voici un nouveau film sélectionné au dernier festival de Cannes. Celui-ci est l’œuvre de Roman Polanski, illustre réalisateur qui, même quand son nom est entaché lors d'une affaire de mœurs, reste une référence dans le monde du cinéma. Très actif depuis le début des années 10, il s'agit de son troisième film après les bons The Ghost Writter et Carnage. Or, si le cadre de La Vénus à la Fourrure diffère de celui des deux précédents films, le thème et l'ambiance ont ceci en commun qu'ils traitent du malaise provoqué lorsque plusieurs personnes qui ne sont apparemment pas compatibles se retrouvent contraintes à la cohabitation dans un espace confiné. Ce dernier long-métrage pousse même l'exercice à l'extrême, puisque seulement deux personnages sont mis en scène et que l'espace confiné est une salle de théâtre vide. Autrement dit, aucun échappatoire n'est disponible, que ce soit spatial ou relationnel. Pendant une heure et demi, nous aurons l'occasion de voir l'excellent Mathieu Amalric et celle qui n'en finit plus de faire pleuvoir les éloges (après Dans La Maison), Emmanuelle Seigner, interagir, se rentrer dedans, rire, disserter, jouer sur scène, se remettre en question, se provoquer, plaisanter, tout cela pour le plus grand plaisir des spectateurs. Le film est rempli de lectures au second et au troisième degrés, ce qui crée une richesse formidable de niveaux d'interprétation. De la même façon, puisque nos deux comédiens s'évertuent à répéter une pièce de théâtre dans le cadre de l’audition de madame, nous avons le droit à une histoire (la pièce de théâtre) encastrée dans une autre (le temps de narration du film). Or, l'une comme l'autre sont rapidement passionnantes, et finissent inexorablement par se confondre de la plus intéressante façon qui soit. L'humour est au rendez-vous et les renversements de situation sont nombreux. Le spectateur est régulièrement suscité, bichonné dans son fauteuil par les prestations de haute volée des deux acteurs et par les clins d’œil scénaristiques. On prend son pied et on en redemanderait lorsque défile le générique de fin.