Après "Carnage" (un huis clos à 4, en 2011), Polanski nous livre un huis clos à 2, en 2013. Son film précédent était une pièce adaptée, d'un auteur français (Yasmina Reza), transposée à New York (mais tournage à Bry-sur-Marne - Polanski ne pourra jamais plus aller aux E-U, comme chacun le sait). Cette "Vénus" est adaptée d'une pièce américaine (par David Ives), transposée en France. Laquelle est inspirée par le livre homonyme de Sacher-Masoch en 1870, "La Vénus en fourrure", un curiosa "classique".
L'espace dévolu aux deux acteurs est encore plus réduit que dans "Carnage" - un théâtre (Hébertot), scène (encombrée des décors d'un spectacle annulé, se passant au far-west) et salle vide, un jour de pluie. Thomas a terminé ses auditions (35 !) pour sa pièce, et se désespère de n'avoir pas trouvé la "Vénus" adéquate, quand arrive (avec des heures de retard selon ses dires - même pas sur la liste des candidates cependant..) une nommée "Vanda", comme l'héroïne de la pièce et du livre. Commence alors un jeu du chat et de la souris, où Vanda est le prédateur et Thomas la proie. En n'écartant pas l'hypothèse d'une simple rêverie de ce dernier, laissant libre cours à ses fantasmes sexuels, à partir de la frustration du metteur en scène, ne trouvant pas de comédienne convenable. Cet échange, de plus en plus trouble, voire carrément malsain, nous est "vendu" comme une friandise délectable, érotico-intello. Las ! Sans arrêt sur la ligne de crête séparant l'extase et le ridicule, c'est le second qui l'emporte le plus souvent. Si Amalric (clone saisissant de Polanski - rajeuni) est un interprète convenable (Louis Garrel, pressenti, aurait été lamentable), Emmanuelle Seigner, restant à 47 ans une Vanda plausible au physique (exhibé complaisamment), n'a aucune crédibilité en "maîtresse" - qu'elle surjoue, incapable de la jouer !
Nouvelle déception que cette oeuvrette narcissique, qui fait (pour moi) tache dans l'ensemble de la filmo polanskienne. 1 étoile pour Amalric.