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    Sex : the Annabel Chong Story
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    3,0
    Publiée le 19 août 2022
    En janvier 1995, une jeune actrice porno de 22ans bat le record mondial du plus grand gang-bang. Le réalisateur Gough Lewis l’a suivi pendant quelques années pour y dresser son portrait, entrecoupé d’interviews de son entourage et de professionnels ayant travaillés auprès d’elle.

    Née en 1972 à Singapour, elle a grandi à Londres avant de se rendre aux États-Unis pour y poursuivre ses études avant de se lancer dans le porno. Le documentaire dresse le portrait de deux femmes, d’un côté Grace Quek étudiante studieuse à l’université de Californie du sud et de l’autre, Annabel Chong une pornstar révélée grâce à un record du monde tout ce qu’il y a de plus futile, une performance motivée par le fait qu’elle voulait prouver qu’une femme pouvait s’approprier son corps et en faire ce qu’elle voulait, quitte à y passer par là (coucher avec 251 personnes en l’espace de 10 heures).

    Le réalisateur dresse non seulement le portrait de cette pornstar mais il revient aussi sur le viol qu’elle a subi (dans un local à poubelles) à Londres, ses débuts dans l’industrie du X, ses motivations, ses années universitaires, ses doutes et son retour dans l’industrie porno après une brève absence. Le documentaire de 85min est entrecoupé d’interventions de professionnels du X qui reviennent sur ses débuts dans le milieu, fiers d’annoncer que c’était elle qui a fait la toute première "triple pénétration" dans le milieu pornographique. De son côté, Annabel Chong prend le temps de se raconter et de nous expliquer son parcours, nous expliquant que c’est en répondant à une annonce pour être modèle photo qu’elle a fini par basculer dans le porno. Le réalisateur enchaîne les interventions de proches, aussi bien professionnels que familiaux (son agent, un réalisateur, un producteur, son attaché de presse, sa mère, son cousin, ainsi que le célèbre acteur pornographique Ron Jeremy).

    Le documentaire revient en détail sur la folle histoire qui entoure le tournage de "The World's Biggest Gang Bang", entrecoupé d’images d’archives et extraits du tournage. On y voit par exemple Annabel Chong tourner un spot publicitaire pour annoncer qu’ils recherchent 300 hommes pour le tournage (finalement, le film n’en comportera que 251). On y voit aussi Ron Jeremy qui officie sur le tournage du fameux film en tant que maître de cérémonie et qui tout au long de la journée passera son temps à l’interviewer comme pour prendre son pouls et savoir comment elle vit cette expérience (il sera d’ailleurs le 251ème homme à lui passer dessus). « Le plus grand gang bang jamais vécu par un être humain » dixit Ron Jeremy. On découvre aussi les à-côtés du tournage, comme le fait que bon nombre des 251 mecs sur le tournage n’avaient pas fait de test VIH alors que c’était obligatoire. Mais le plus surprenant dans l’histoire, reste que le film connaîtra un succès colossal en vidéo, des producteurs et un réalisateur qui se sont enrichis sur son dos puisqu’elle n’a absolument rien touché suite à ce tournage (elle devait recevoir 10 milles $), en dehors d’acquérir une certaine notoriété (le film a été l’un des films X les plus rentables de tous les temps avec Gorge profonde - 1972).

    Suite au tournage et au succès rencontré par le film, Annabel Chong se retrouve transformée en bête de foire en enchaînant les apparitions dans d’innombrable médias qui s’intéressent à sa performance ("The Jerry Springer Show" ainsi que "The Girlie Show"). D’ailleurs, le tournage du gang bang avait attiré bon nombre de médias venus sur le plateau pour la filmer comme de la chair fraiche face à 250 queutards en train de s'astiquer le manche. Pourtant, Annabel Chong est loin d’être une fille écervelée ne souhaitant que (se faire) baiser, elle est aussi et surtout, une fille intelligente comme l’explique très bien son prof à l’université ou le réalisateur du gang bang. D’ailleurs, le discours qu’elle tiendra à l’université nous rappellera son franc parler et son côté féministe « chaque femme à le droit d’exprimer, d’afficher, d’exploiter sa sexualité ».

    Derrière ce record se cache aussi une part d’ombre. On y décèle une souffrance intérieure, un mal-être. On lui découvre aussi une toute autre facette, elle est dans le déni total lorsqu’elle dit « je veux que ma mère soit fière de moi » quand elle se rend à Singapour pour lui rendre visite. On regrettera cependant, un certain côté voyeuriste de la part du réalisateur (il la filme en train de s’infliger des scarifications (elle s’entaille à plusieurs reprises le bras) ou lorsqu’elle est à Singapour, on assiste à une scène très intime quand sa mère apprend qu’elle est actrice porno).

    Il en résulte en fin de compte, un documentaire très intéressant (nominé au Grand Prix du Jury au festival de Sundance) sur une industrie méconnue du grand public mais qui s’avère être aussi un film racoleur et malsain à plus d’un titre, notamment dans les images d’archives où l’on voit une Annabel Chong sans doute sous l’effet de psychotropes (visage raide et sourire forcé). Ajouter à cela la vision plutôt effarante du féminisme de la part de cette pornstar (visiblement, nous n’avons pas la même définition). Un record du monde qui en laissera plus d’un dubitatif, surtout quand on apprend qu’un an plus tard, le record sera battu lorsqu’une autre pornstar (Jasmin St. Claire) se fera passer dessus par 300 partenaires… Tout ça pour ça, à quoi ça sert d’avoir un appétit gargantuesque, autant passer une thérapie, c’est moins contraignant, moins éreintant et surtout, on n’y risque pas sa vie.

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