Bien que je sois très tenté d’attribuer une note légèrement supérieure, je ne peux me résoudre à donner pas plus que la moyenne. Il est certain que ce film a très mal vieilli, en particulier dans la chorégraphie des combats, aussi bien par canons interposés que dans les corps à corps. Pour exemples, on remarquera un trop grand nombre de gestes inachevés dans les mises à mort, et on voit très bien que les fers d’un prisonnier ne font que la moitié du tour de sa cheville quand le capitaine déchu prend le contrôle du navire chargé de l’emmener vers une peu glorieuse et lointaine déportation. Rien que pour ces défauts, "Les pirates de la côte" doit être vu avec un œil des années 60. Sinon je crains que vous ne vous y ennuyiez un peu (voire beaucoup), blasé en prime que vous serez par les raccourcis un peu trop faciles qui ont vite fait de plomber le récit en amenant des incohérences (et il y en a pas mal), la première d’entre elles étant de se faire surprendre par les pirates aussi facilement qu’un bleu
: comment ne peut-on pas voir arriver un vaisseau de cette taille ?
C’est dommage parce que le film de Domenico Paolella (cinéaste italien sans grande envergure) regorge de rebondissements pour porter son héros inflexible et à l’abnégation sans faille. Dans sa mise en scène, on ne peut lui enlever la fougue qu’il a mise dans les batailles navales et les duels au fleuret, d’autant qu’il s’est servi de tous les codes du genre… selon les moyens qu’il avait à sa disposition, bien sûr. On voit très nettement que bon nombre de scènes ont été tournées en studio, avec ces fenêtres d'un bleu opalin des monuments espagnols. Le réalisateur s'est plutôt bien servi des moyens du bord, en coupant les scènes où il ne pouvait aller plus loin : l'ex-capitaine monte sur le mat pour couper les cordages, puis on le retrouve au sommet. Malgré tout, les amoureux du cinéma d’antan prendront un certain plaisir à regarder ce film, où se conjuguent entre autres actes de pirateries tels que convoitises, abordages, trésor, festoieries. Mais ce serait oublier aussi honneur, traîtrises, mutineries, enfin tout ce qui compose un film de pirates digne de ce nom. Le tout étant étroitement lié par un désir de vengeance ou besoin irrépressible de se racheter, et avec (déjà) des malversations "politiques" à des fins personnelles. Evidemment, dans le genre, on a vu bien mieux, cela va sans dire. Car du côté des comédiens, ce n’est pas la panacée non plus. Alex Barker ne dégage absolument rien, tout comme Estella Blain qui dès sa première apparition au bras de son oncle (Loris Gizzi) a l’air de se demander ce qu’elle fait là… de la même façon que le spectateur se demande ce qu'elle fait là, du fait que le personnage qu’elle incarne ne sert quasiment à rien si ce n’est de nous servir une romance à l’eau de rose. Sous son air de Yul Brynner, Livio Lorenzon fait un pirate bien peu convaincant malgré sa grosse boucle d’oreille, sans compter qu’il est toujours propre sur lui. Il n’y a guère que Liana Orfei qui parvient à tirer son épingle du jeu, chacune de ses apparitions suffisant à illuminer l’écran de sa présence. Par contre, on doit reconnaître le gros effort consenti au niveau des costumes. Non seulement je me dis qu’à cette époque-là on savait s’habiller, car les tenues conféraient à celles et ceux qui la portaient une certaine élégance. Et que dire de ces robes féminines, au décolleté qui en ferait baver plus d’un aujourd’hui ? Certes elles étaient quelque peu encombrantes et se caractérisaient aussi par un certain manque de confort, mais je ne peux m’empêcher de dire que si on avait gardé ce genre de tenue, du moins des décolletés pareils, je pense que ça réduirait ostensiblement le nombre de regards emplis d’envie et de perversité de la part de la gente masculine. Punaise, en me relisant, je suis en train de me dire que je ne suis pas né à la bonne époque ! (rires !) Mais là n’est pas le sujet, hein ! Pour conclure donc, les spectateurs vont se diviser en deux catégories : il y aura ceux qui succomberont plus ou moins à un cinéma qui n’existe plus, et ceux qui trouveront ce film nul car l’impression de bâclé est là. Ces derniers n’auront pas tout à fait tort…