Critique du film : Twister 2 , le souffle de l'enfer.
Diffusée en France sous le nom de "Twister 2 : souffle d'enfer", ce téléfilm tragi-comique est, en quelque sorte, un Ed Wood des temps modernes, sans atteindre sa splendeur artistique. C'est un film catastrophe, certes, mais également un film psychologique ou la tornade reste suggérée, telle une métaphore. Rajoutons à cette myriade d'effets spectaculaires: la profondeur des dialogues, la psychologie des personnages, l'intensité du drame, associée au perfectionnisme de la photographie, et dès lors, on peut affirmer, sans hésitation, que cette œuvre mérite sa place dans le panthéon du septième art. Ce téléfilm est à Kubrick, ce que les scénarios de Jean-François Porry sont à Rabelais.
Les puristes de l'écologie et du développement durable seront ravis d'apprendre que de nombreux décors de films érotiques ont été recyclés pour le tournage de ce téléfilm.
J'imagine que peu de gens verront un jour ce téléfilm, je profiterai donc de cette occasion pour en dévoiler l'histoire, au scénario fort bien ficelé, enrichi de ma sensibilité personnelle de cinéphile averti (attention spoilers):
Ainsi donc, le téléfilm raconte l'histoire d'une tornade tueuse et invisible, semant la pagaille au Colorado. Les services de météorologie les plus pointus des USA envoient leurs deux meilleurs agents pour mener l'enquête. D'un côté: un agent de la FEMA, dresseur de constats hors-pair, chaud-lapin et phobique de mariage, entre deux disputes avec sa petite amie sexy mais un peu idiote. De l'autre, la meilleure météorologue de tout les Etats-Unis d'Amérique (et donc, du monde), veuve, phobique du sexe, et comme toute sommité scientifique qui se respecte, se retrouve, faute d'assureurs, privée de voiture et autres outils météorologiques en tout genre pour chasser les tornades, quand bien même que l'espoir de tout un peuple repose sur ses épaules. Jusque là, tout est logique.
Comble de l'humiliation, la pauvre chercheuse se retrouve à simuler de la pluie dans un studio équipé de ventilateurs; en guise de punition de la part de ses supérieurs, elle et ses collègues sont filmés et surveillés derrière une vitre en plexiglas .
Revenons à notre aventure: la chercheuse, qu'on appellera Miss Détective, se voit obligée de voyager dans un avion de tourisme à 8 places, accompagnée de six bonnes sœurs, et munie d'un sac à dos contenant un pc Amstrad Portable de 1989, une tente décathlon, une boussole, un thermos, une robe de soirée et un sandwich: le kit de survie de tout chasseur d'orages qui se respecte. Rappelons que l'action se déroule en 1998.
Arrivée sur les lieux du crime, après 24 heures de vol en vieux coucou de Washington à Denver (les temps sont durs), notre héroïne rencontre Rocco Sifredi (le fameux agent de la FEMA), occupé à organiser la riposte en abritant les populations dans des tentes 2 places. Après quel ques éxhanges sur fond de remarques sexistes, ce duo d'enfer part donc à la recherche du Bigfoot dans les montagnes Rocheuses. Miss Détective en profitera pour donner quelques leçons de météorologie à Rocco, enrichies d'explications scientifiques aussi crédibles que le barratin d'un banquier cherchant à vous convaincre d'investir dans les actions EuroTunnel.
Pour accélérer la recherche d'indices, les héros décident alors de se séparer pour mieux se retrouver. Pendant que Rocco s'occupe des constats pour les assurances, puis interroge la population pour savoir si quelqu'un a vu une tornade se promener dans le quartier à bord d'une Cadillac Noire, Miss détective, de son côté, part en randonnée. Elle découvre alors un vaste complot organisé par le Fbi, servant à cacher une expérience interdite de la Nasa qui a mal tourné. Elle est capturée, mais c'est alors qu'intervient Rocco, qui réussit à libérer la scientifique des mains des autorités armées de fusil, grâce au pouvoir du 1er amendement. Entre temps, la frigide météorologue, après avoir été sauvée d'une... pluie d'éclairs de boules de feu (euh... oui) par Rocco, devient folle du cul et tombe folle amoureuse de ce dernier.
Miss détective dévoile alors le terrible secret à Rocco: "une expérience secrète de la Nasa est à l'origine des tornades! ". L'action va enfin commencer.
"On a d'autres priorités" répondit Rocco. "Il y a une messe organisée par les habitants du village, ce n'est pas le moment de débarquer avec vos balivernes", terminait-il pour enterrer définitivement le téléfilm au cimetière des nanars.
Entre deux pauses wc, bières et chips, la menace grandissant et ne pouvant se résoudre à arrêter la catastrophe qui s'annonce, malgré les prières du bon Dieu, notre Duo décide alors, déguisés en agents secrets de sa majesté, de s'introduire à la réception de l'ambassadeur afin de voler le secret des Ferrero Rocher. En vain, car malgré le vol de renseignements, l'opération n’empêche pas la formation de la tornade!
On se dirige (enfin) vers un final en apothéose, sous des effets spéciaux dévastateurs réalisé grâce aux miracles du logiciel Paint de Windows 98. Dans un ultime élan d'héroïsme à l'américaine, nos héros trouvent le moyen de jeter la voiture sous la tornade géant pour la filmer de l'intérieur. Les acolytes se réfugient sous un abri en béton qui passait par là, et attendent la fin de la tempête: Red is Dead, adieu, Boris.