Une femme, un homme, un médecin, un fils, un amant, une amnésie et par-dessus tout un fiasco. Rowan Joffé, fils d’un certain Roland, s’essaie au thriller psychologique en se prenant non seulement les pieds dans le tapis mais aussi en entraînant avec lui, au fond du gouffre, un trio d’acteur pourtant reconnus. Misère et désolation sont appropriées au sortir d’une séance de visionnage laborieuse qui nous renvoie aux pires faiblesses d’un cinéma affligeant, d’un cinéma sans la moindre ambition, sans le moindre talent de mise en scène, d’interprétation ou d’écriture. Adaptation pantouflarde, maladroite, d’un roman britannique à succès, signé un certain S.J. Watson, Avant d’aller dormir nous atterre de par son manque de tonus, son manque de crédibilité et par-dessus tout, son manque de passion. Dans la droite ligne des tentatives de résurrection des thrillers du maître Hitchcock, Rowan Joffé livre sans le moindre doute le plus inabouti des films du genre depuis de nombreuses années.
Parler ici de navet s’avère alors justifié. Comment y voir, dans ce simulacre de film à suspense, un quelconque atout si ce n’est une narration au rabais, des acteurs à la rue et une mise en scène d’un académisme d’école? Tout sent fichtrement mauvais. Tout n’est qu’illusion de cinéma, manquement de respect total aux artisans ayant faits vivre le thriller depuis des décennies. Pire encore, alors que d’autres tombent dans l’oubli, les distributeurs sont finalement parvenus à vendre en salles ce minable morceau de pellicule. Le coup de gueule s’avère d’autant justifié en regard à la présence franchement pénible dans cette fosse d’acteurs tels que Colin Firth, Mark Strong et Nicole Kidman. Si pour la dernière, plus rien ne nous surprend, à voir sa fastidieuse errance dans le récent film d’Olivier Dahan, ses deux compères se taclent lamentablement alors qu’ils sont chacun des solides comédiens anglo-saxons, promesses de belles interprétations.
Personne ici n’y croit le moins du monde, sur le plateau. Mark Strong cabotine en essayant tant bien que mal d’être sérieux, Colin Firth ne fait même pas mine de cacher son manque d’intérêt et par-dessus le marché, Nicole Kidman est à proprement parler insupportable. L’actrice, qui perd souvent de sa superbe de par ce type de mauvais choix de carrière, s’enfonce dans les bassesses d’une interprétation sans volume, sans relief, faisant l’effort maladroit de s’affranchir de sa beauté naturelle pour incarner une femme larmoyante jamais crédible, toujours pénible et à laquelle on ne peut s’attacher. Se réveillant chaque matin en ayant tout oublié, voilà la donzelle en pleine quête d’identité alors que son entourage semble esquiver la vérité. Un postulat cuit, recuit et réchauffé au four à micro-ondes qui ne passionne jamais et qui ne bénéficie que d’une réalisation impersonnelle et fastidieuse.
Voilà pour tout vous dire le pire du cinéma contemporain. Un film que l’on se doit, à moins d’exercer le métier de critique et de devoir y écrire une chronique spécialisée, d’éviter minutieusement. Oui, afin de ne pas perdre un temps précieux, laissons ce film aux autres. Lamentable de bout en bout, doté d’une écriture maussade, d’une réalisation timide, d’un manque de coordination entre le scénariste, les acteurs et le metteur en scène, Avant d’aller dormir est un cas d’école, un film niais qu’il conviendrait de montrer aux élèves d’une école de cinéma pour leur faire comprendre vers quoi il ne faut jamais s’orienter. Pour l’occasion, je suis méchant, mais chacun des participants à ce naufrage mérite de se faire remonter les bretelles. 01/20