Doté d’une certaine originalité, le pitch semblait intéressant et les têtes d’affiche que sont Nicole Kidman et Colin Firth, complétées par la présence de Mark Strong, donnaient envie de voir le nouveau long métrage de Rowan Joffe. C’est vrai quoi, tout cinéphile qui se respecte apprécie ces immenses acteurs. Alors comment est le résultat ? Eh bien comme les critiques spectateurs et presse l’indiquent, le sentiment à l’égard de ce film est assez partagé. Bon, sachez que je suis dans le même cas de figure. Pourquoi ? En premier lieu, le début intrigue. D’accord, les cas d’amnésie ont été souvent traités au cinéma. Mais de voir une femme subir malgré elle l’effacement de tous ses souvenirs au quotidien après une nuit de sommeil, alors là on sort des sentiers battus. Ce n’est pas pour autant qu’il faut louer les mérites de Rowan Joffe quant à l’imagination du scénario, puisqu’il n’a fait qu’adapter le roman éponyme de S.J. Watson, lui-même inspiré par une histoire vraie. Mais je crois qu’on peut le féliciter d’avoir flairé le bon filon, tout du moins le potentiel qui s’en dégageait. Si seulement il n’avait pas pêché dans la mise en œuvre… Et pourtant, il réussit à embarquer le spectateur dans le périple que va devoir suivre Christine (avec l’aide de son neuropsychiatre) pour reconstruire son passé, condition sine qua none pour à nouveau avancer. Pour ce faire, placer le public au même niveau que l’héroïne est astucieux. Le souci est qu’on tourne en rond sans réellement progresser et la répétition des coups de téléphone et des vidéos devient peu à peu lassant et donne l’impression qu’on piétine. Et pourtant, les informations relatives au passé arrivent les unes après les autres, au compte-gouttes. Cette lenteur en rebutera certainement plus d’un, à commencer par moi bien que je considère que ce soit bien vu de la part du réalisateur car ça reflète bien toute la difficulté du processus. Le principal souci est que (et là je parle pour la version doublée en français) le ton est terriblement gnan-gnan, larmoyant à souhait, et ça en devient presque déprimant. En tout cas ennuyeux malgré l’esquisse de plusieurs pistes possibles. En effet, on se prend à penser que Ben Lucas (Colin Firth), le docteur Nash (Mark Strong) ou un parfait inconnu peuvent être tour à tour responsables de l’état de Christine. Au gré des images, un détail apparait. Un détail d’importance
(une cicatrice sur la joue droite)
. Mais on attend… on attend, et on attend encore que l’histoire rebondisse enfin. Et quand on n’y croit plus, il arrive enfin. Pour preuve, mon épouse est partie au lit juste avant le rebondissement. Toujours est-il qu’à partir de ce moment-là, "Avant d’aller dormir" reconquiert tout son intérêt et fait tomber les masques, sauvant ainsi le film de la médiocrité à laquelle il semblait promise. Chez le spectateur qui sera allé au bout, il restera probablement en mémoire le goût désagréable laissé par l’ennui de la première partie. Et pourtant, on ne peut pas dire que les acteurs aient démérité, loin de là. Nicole Kidman interprète à merveille son personnage à la fois désemparé, perdu, apeuré, et plus ou moins désorienté. Les yeux rougis par la détresse et les larmes complètent le portrait de cette femme en quête de reconstruction. Quant à Colin Firth, il est une nouvelle fois impressionnant, car il joue sur deux facettes diamétralement opposées. Opposées mais pas forcément incompatibles. Vous comprendrez mieux en regardant ce film si jamais vous le regardez, ou en réfléchissant sur la psychologie humaine. En ce qui concerne Mark Strong, par son port droit et quelque peu austère contrastant fortement avec sa totale implication, il rend son personnage inquiétant. J’aurai donc tendance à dire que "Avant d’aller dormir" est un film tout à fait dispensable si on occulte la qualité de jeu des acteurs, et l’originalité du scénario. Après, vous faites ce que vous voulez, mais si jamais vous deviez vous lancer pour ensuite le regretter, vous ne pourrez pas dire que je ne vous avais pas un peu prévenu...