L'écrivain et réalisateur Philippe Claudel choisit un sujet ambitieux servi par un scénario solide.
La vie et ses embûches. Le questionnement aussi, d'un sexagénaire bien établi dans sa vie professionnelle, face à certains ébranlements qui l'obligent à se remettre en question. La réflexion et le doute qui s'installent sur la réussite, ou pas, de sa propre existence.
Le décor, un cadre discret et confortable celui d'une maison d'architecte, entourée d'un magnifique parc verdoyant, que l'on vient visiter comme un musée. Celle-ci joue un rôle essentiel au travers des reflets qu'elle renvoie. Une "cage de verre" pour la femme de cet homme pris dans les tourments. Ceux que l'on cache, par peur de tout perdre, au risque de se noyer soi-même dans un silence qui deviendra assourdissant.
Petit bémol, tout est calme, désenchanté, transparent comme les baies vitrées de la maison. La violence des sentiments reste trop enfouie pour que le film devienne véritablement captivant. Au moment même où le scénario fait débarquer la police, on peine à y croire. Le regard de l'homme interpellé reste dans le vague. Pas concerné. Perdu, alors que l'on attend une explosion, des protestations, peut-être davantage d'explications, aussi.
Sans rester de marbre, il est toutefois difficile de se laisser emporter par ce récit à peine inquiétant. Cette histoire peut néanmoins concerner un grand nombre dans le choix de leur quotidien et le poids que représente la façade derrière laquelle ils choisissent de se cacher pour rentrer dans une soi-disant normalité.
Le grand intérêt du film vient du magnifique casting. Daniel Auteuil est absolument impeccable dans ce rôle, spécialement écrit pour lui. À ses côtés, la lumineuse et charismatique Kristin Scott Thomas est parfaite, comme toujours. Leïla Bekhti n'est pas qu'une belle actrice, elle trouve ici un rôle à la hauteur de son talent. Richard Berry, enfin, tout à fait convaincant, voire touchant.
De grands acteurs, pour un film dont le scénario aurait trouvé plus de poids dans les pages d'un roman.