Troisième film de Philippe Claudel en tant que réalisateur, cet "Avant l'Hiver" (qui aurait pu s'appeler aussi "Pendant l'ennui"), est toujours moins bien que le chef d'oeuvre "Il y a longtemps que je t'aime", mais toujours mieux que le nanar "Tous les Soleils".
Mais rien de transcendant ici et surtout rien de bien neuf sous la brume de l'automne. Aussi prévisible qu'un menu du 24 décembre, ce film n'est qu'une longue succession des clichés du genre. Le mari qui fait sa crise, la femme qui fait rien, la rebeu qui est la méchante, l'amant qui n'en est pas vraiment un (mais ça fait trente ans qu'il rêve de l'être), le chirurgien, le psychiatre, et la juive (on sait pas ce qu'elle vient faire là celle-là, aucun intérêt !). Des longueurs a n'en plus finir dans les trois derniers quart d'heure pour déboucher sur une situation finale identique à la situation initiale...quel malheur ! Rien n'a bougé...les hommes restent hypocrites et emplis de non-dits et les femmes silencieuses et malheureuses. Deux heures...pour rien. Pourtant ce n'est pas faute d'ouvrir des portes et de brouiller passablement les pistes, sauf que le cinéaste ne s'engage durablement nulle part, et ne savait visiblement pas trop quoi faire de son film. Puis alors, dites donc, la condition féminine elle a été fouillée dans ce film : une belle fille totalement effacée qui respire le malheur, une femme qui se laisse marcher sur les pieds et fait figure de potiche, une soeur complètement folle et aliénée, et une tueuse escroc qui fait la pute et se suicide ! Emballez, c'est pesé. Il est tombé bien bas le père Claudel...au cinéma comme en littérature d'ailleurs. L'aurait-y pas pris un peu le melon le monsieur ? En tout cas c'est à se demander pourquoi il rechigne tant à adapter ses propres livres (du temps où ils valaient le coup bien sûr) ? Alors que je rêverais de voir une belle adaptation cinématographique de "La petite monsieur Linh" ou du fabuleux "Le rapport de Brodeck", le père Claudel préfère se fourvoyer dans des scénarios dont la contenance tient sur un feuillet de PQ...sans doute a-t-il peur de réaliser un film avec un maximum de contenu cohérent, réaliste et un tant soit peu accrocheur. C'est d'autant plus dommage que, et j'en viens au point positif, Philippe Claudel est un bon réalisateur, qui sait choisir ses plans, filmé avec intelligence et mettre en scène ses acteurs avec brio. Mais quand un bon réalisateur fait un mauvais film, le résultat reste très décevant et patine dans la choucroute. Rien de folichon donc dans cet "Avant l'Hiver" où même les acteurs semblent aussi peu convaincus et inspirés que les scénaristes. On ne peut pas dire que les interprétations soient mauvaises, mais aucun ne surpasse d'autres rôles qu'ils ont pu jouer, aucun ne transcende, aucun ne sidère; peut-être tout simplement parce qu'aucun n'interprète un personnage à la hauteur de leur talent respectif. Reste de jolies paysages, une belle photographie et un montage très léché et de bien bonne facture pour un film français. Pour conclure : si la forme peut charmer, le fond sonne comme une coquille vide et le réalisateur déçoit encore par son manque d'ambition ainsi que par la supercherie de son récit. Décevant.