Véritable triomphe en Norvège, cette adaptation d'un célèbre conte scandinave fait un film de Noël très traditionnel et bon enfant, un peu naïf sans trop de dommages. Mais ici toute la magie de Noël scandinave est mise à mal par une mise en scène et une direction d’acteurs paresseuses. Le scénario est simpliste et très enfantin : pour rompre la malédiction qui a privé le Roi de sa fille bien-aimée, Sonia, une jeune orpheline, part en quête de l’Étoile du Nord, l’astre qui veille sur Noël. Commence alors pour elle un fabuleux voyage… Adaptation d’un conte traditionnel scandinave qui a traversé les époques et fait rêver de nombreuses têtes blondes, "Le secret de l’Etoile du Nord" semble avoir connu de nombreuses adaptations au théâtre, à la télé ou en salles. La plus récente, celle que nous propose le distributeur Condor, dans les cinémas français pour Noël 2013, a été célébrée par un succès populaire colossal dans son propre pays, la Norvège, et c’est donc logiquement qu’il se fraie un chemin dans nos salles. Le très beau visuel publicitaire du film nous vend tous les éléments du blockbuster enfantin de fin d’année, des couleurs de nuits éternelles, des créatures magiques, une enfant aux boucles d’or à laquelle on confie une mission extraordinaire... Cette affiche dans les canons du genre nous situe donc entre les américains "Narnia" et "A la croisée des mondes : la boussole d’or", et elle évoque même le beau drame "Le secret de Térabithia". L’enfant sur l’ours est une référence occidentale immédiate qui nous séduit et éveille des envies neigeuses d’univers de conte de fées, propre à nos doux souvenirs de mômes. Toutefois la légitimité sur le grand écran de ce film trop gentillet n’est pas forcément évidente pour les amateurs de ce type de beaux spectacles enfantins. Ce n’est pas tant une question de budget, car il est vrai qu’il est forcément restreint par l’origine norvégienne dont l’industrie cinématographique ne peut pas se donner les moyens d’entrer en compétition avec d’autres productions européennes, comme la France, et surtout américaines. D’ailleurs les effets spéciaux ne sont pas en soi condamnables. La course- poursuite entre un méchant comte chevauchant un manche à ballet envoûté et l’héroïne transportée par le grand Vent du Nord est plutôt réussie, et l’on n’en veut absolument pas aux producteurs d’avoir recours à un animatronique pour recréer l’ours parlant, l’un des adjuvants croisés sur la route, avec un gentil lutin, plutôt que de s’aligner sur le tout-venant synthétique, qui aurait rendu l’incarnation bestiaire plus moche qu’autre chose. Le scénario est hélas très pauvre et ne va jamais au-delà de son concept de conte de fées de Noël : dans un lointain royaume enneigé, un courtisan jaloux a enlevé la fille du roi. Fou de douleur, le père a alors maudit l'étoile du Nord, qui veille sur le pays et particulièrement sur la fête de Noël. L'étoile a alors disparu, et il la cherche depuis dix ans, car qui la retrouvera retrouvera également la princesse. Mais ce dixième Noël est sa dernière chance, et tout espoir semble perdu jusqu'à ce qu'une petite vagabonde aux boucles blondes, Sonia, s'introduise dans le palais pour échapper à ses poursuivants, et offre au roi éploré son aide… Destinée à un très jeune public, de quatre à huit ou dix ans, cette épopée féérique au fil de laquelle se croisent vilaine sorcière, animaux parlants, lutins et Père Noël a peu de chance de surprendre les adultes. Mais son classicisme bon enfant pas exempt d'une naïveté guère plus pesante qu'ailleurs et la simplicité de sa mise en scène fleurent bon les jolis contes d'antan, et feront à n'en pas douter rêver les plus petits d'un Noël très blanc, et de royaumes enchanteurs dont les princesses n'ont pas les traits de poupées en plastique, mais de vraies petites filles. On regrette dans cette brève aventure pour les 4-7 ans son manque d’idées visuelles, l’absence d’audace de la part du réalisateur, Nils Gaup, incapable d’élever le spectacle au-dessus du rang de téléfilm de luxe, qui aurait très bien pu se satisfaire du statut pas forcément dévalorisant de "direct-to-video". D’ailleurs, peu à l’aise sur un plan technique, Nils Gaup ne s’amuse pas non plus à peaufiner la direction d’acteur, se contentant de baser la magie de son film sur la beauté juvénile de son héroïne blonde, orpheline à la recherche de l’Etoile du Nord, qui a disparu le jour où le roi perdit son épouse des suites de la mort de leur princesse. Les personnages ne sont jamais développés et sont extrêmement caricaturaux (la vilaine sorcière et sa peste de fille, le méchant comte tellement bête qu'il est incapable de se rappeler quoi que ce soit, le gentil roi bien simple d'esprit et extrêmement naïf, la jeune héroïne courageuse et solitaire, les seconds rôles ne servant à rien, etc...), avec absolument aucune psychologie. Cependant les décors enneigés sont magnifiques visuellement, les effets spéciaux vraiment corrects au vu du budget, les costumes sont fantastiques et la morale sur le courage, la foi et l'espoir est très sympathique, et vraiment bienvenue en ces périodes de fêtes. Par ailleurs, la bande-son du film est très sympathique et le générique de fin interprété par l'actrice principale interprétant Sonia chante merveilleusement bien. Gentillet à souhait, cette adaptation d'un célèbre conte scandinave est une option de plus pour emmener vos chérubins au cinéma pendant les vacances de Noël. Mais c'est clairement un film à réserver au moins de 10 ans qui apprécieront la simplicité du récit et la ribambelle de personnages fantastiques, classiques du monde du conte, ici servis en version ultra-soft : lutins mignonnets, sorcières à peine vilaines, princesse dorée, méchant bien ridicule et pas crédible pour un sou… Il n'y a aucun rebondissement, aucune surprise, aucune originalité, c'est un film extrêmement classique, prévisible et convenu sur tous les plans (histoire, personnages, etc...). C'est vraiment un divertissement très calibré pour plaire uniquement aux enfants. Mais si "Le Secret de l’Étoile du Nord" n'en met pas plein la vue côté effets spéciaux ni ne révolutionne l’univers des contes de fées avec sa morale un peu naïve, il peut au moins faire découvrir des paysages et des comédiens norvégiens au milieu de quelques productions survoltées et américanisées. Même si le film n'est vraiment pas terrible, ce petit conte de Noël est une parenthèse de calme et de douceur au milieu des vacances les plus animées de l'année, ce qui peut s'avérer fort salutaire pour les parents, et il a le mérite de divertir efficacement le public qu'il vise et de faire rêver les enfants !