On retrouve dans « JOE » de nombreuses similitudes avec le déjà très bon « MUD sur les rives du Mississippi » de Jeff Nichols, sorti l’année dernière et porté par Matthew McConaughey. Genre de long métrage froid, âpre, violent, réaliste, pessimiste, taciturne, parlant avec parcimonie et intelligence. Genre de long métrage crescendo amenant forcement à une fin violente à la Scorsese, amenant forcement à une fin qui n’offre que deux possibilités de dénouement. Une fin peu originale mais dont la réalisation peut permettre d’offrir une bonne dose d’adrénaline. La fin de « JOE » est d’excellente qualité et permet une conclusion plus que correct à un long métrage qui sonne comme une résonance à ce qui se passe réellement dans ces contrés reculées des Etats Unis.
Le principal point fort de ce film reste étonnamment l’excellente prestation de Nicolas Cage, qui affuté de ses viriles tatouages et de son impressionnante masse de muscle offre une interprétation en toute subtilité. Grâce notamment à une relative retenue qui permet d’exprimer une prestance et un chartisme qu’on ne lui connaissait plus. Il ressort comme un acteur décidé, réincarné, propre sur lui, alors qu’il interprète paradoxalement le personnage d’un alcoolique ancien tolard. Coiffé pour une fois d’une coupe de cheveux normale, l’acteur et son personnage donnent tous les meilleurs instants du film, offrent la part de mystère, offrent la ligne directive et le ton du film, et offrent tous les enjeux et curiosités. Etre violent et désinvolte, alcoolique, se foutant des lois et des institutions, susceptibles et vite énervé, faisant profil bas alors que son seul ami reste le chef de la police locale, Joe décide d’aider un jeune adolescent, interprété par le jeune acteur déjà présent dans « MUD » ( décidemment…) . Cherche-t-il a expier ses fautes passées, cherche-t-il simplement une raison de vivre ou de se foutre une bonne fois pour toute en l’air ? Les interprétations sont multiples et les réponses assez absentes. Pas de grosses surprises dans l’enchainement du film et dans les quelques rebondissements. Tout est à peu près attendu, mais la réalisation offre une ambiance et un ton séduisants. Lent et reposant, mais aussi pesant et dérangeant, on ne sait pas trop quelle partie prendre, offrant une palette de personnages tous plus pathétiques et misérables les uns que les autres. C’est ce genre d’ambiance assez crasseuse et rebutante qui ne donne pas envie de se retrouver au milieu du film mais qui reste intrigante.
On peut parler de la photographie sublime et de cette musique monocorde propre à ce genre de long métrage. Du chien qui est la représentation parfaite de toute la haine qui habite le personnage de Cage, de l’histoire un peu redondante du père qui frappe son fils et qui parasite parfois le long métrage, à cause de sa répétition et de son cruel manque d’originalité. De l’autre coté on à l’excellente relation entre Joe et le gamin, attachante et touchante, et surtout véritable à cause de sa typicité. Une authenticité, une véracité et une spontanéité, mais aussi une retenue et une subtilité qui manque a de nombreux longs métrages aujourd’hui se dégagent du film fort et prenant.