Dortoir des grandes (le film de 1984 hein !) est un bon film érotique, très sympathique, témoignage aussi vraiment typique des années 80.
Le casting est plutôt bon. Les actrices sont globalement peu voir pas du tout connus, n’ayant pas vraiment joué dans autre chose que ce film, mais elles se débrouillent convenablement, apportant un naturel agréable, et se montrant visiblement complices. Du coup on a vraiment le sentiment d’une classe d’internes, évoluant entre potacheries et jeux sexuels. C’est agréable. A noter aussi quelques rôles secondaires du côté des encadrants de ce pensionnat, qui s’avèrent pas mal brossés en peu de traits pourtant (je pense par exemple au professeur) et qui donnent un bon relief à ce film malgré leurs courtes apparitions.
Le scénario a le souci d’être trop linéaire. Disons qu’il n’y a pas de narration, les évènements s’enchainant comme une série de sketch ou de scénettes. C’était prévisible au début, mais comme en fait il n’y a pas d’éléments perturbateurs dans ce métrage, on assiste simplement à une succession d’épisodes. Il y a quelques longueurs, mais c’est souvent un problème des films érotiques, pour autant Dortoir des grandes a de bonnes choses sous le pied. En premier lieu une ambiance vraiment fun, vraiment sympathique, sans aucun nuage noir, plein de naturel et de fraicheur. C’est assez revigorant et ça met de bonne humeur. Ensuite le film est très ancré dans les années 80, aussi ce sera un gros moment de nostalgie pour ceux qui ont connu cette époque. Enfin les personnages sont plaisants, et leurs histoires, drôles ou légères, toujours coquines on s’en douter ont quelques intérêts.
La mise en scène est signée d’un Pierre Unia que je ne connaissais pas encore. C’est mon premier film de lui et je dois dire que c’est très bien fait. Il utilise à merveille les décors, il sait varier les scènes érotiques pourtant toujours soft (et donc plus propices à la redondance), et par un travail souple et fluide, il amène encore un peu plus le côté suave et léger du film. C’est vraiment une belle découverte qui m’incite à voir d’autres films du réalisateur. Dortoir des grandes s’appuie aussi sur une belle photographie, très claire, très lumineuse, et sur des décors à la hauteur. Le final exotique est très agréable, et nous tire un peu du manoir où se déroule principalement le reste de l’action. Pour la musique c’est étonnant. Le thème principal est plaisant quoiqu’un peu sirupeux, mais on aura le droit en milieu de film a une partition signée d’un groupe inconnu ! Une musique qu’on se tape en entier, chanté dans une boite locale, dans un style là encore très eighties avec des paroles minimalistes ! C’est assez drôle, mais ça ne casse pas trois pattes à un canard. Pour l’érotisme, Dortoir des grandes est généreux. Beaucoup de scènes, variées, jamais graveleuses, souvent teintées d’humour, c’est plus rigolo qu’émoustillant, mais c’est fort sympathique.
Au final Dortoir des grandes est un film érotique agréable, qui rappelle quand même que le cinéma français de l’époque avait à mon avis dans ce registre une longueur d’avance. Sans grandes stars du genre, Unia propose un film simple, léger et naturel, certes très décalés par rapport à aujourd’hui, mais toujours très plaisant. Je lui donne 4.