Ah, je suis content d’avoir enfin vu ce film, un des derniers qu’il me manquait pour avoir vu les grand films de l’année 2013 (il ne me reste plus qu’à voir Camille Claudel, je ne crois pas qu’il y e nait d’autres (bon il y avait Loulou mais je viens de le voir). Quel dommage qu’il n’est pas raflé les prix les plus importants aux César, m’enfin consolons-nous en se disant que c’est toujours mieux que pour le Kechiche. Je vais avoir beaucoup de choses à dire sur le film, et je ne sais par où commencer.
Très simplement, est-ce que le film mérite ses prix ? Oui, vraiment. Je reviendrai sur l’acteur principal mais il est fabuleux, et la photo est magnifique. Pas que celle du Polanski était mauvaise loin de là, mais rien ne vaut une superbe lumière naturelle. Ça colle tellement bien avec l’esprit du film.
Parlons-en un peu plus dans les détails peut-être. C’est vraiment excellent. Tout d’abord, j’aime beaucoup ce que Guiraudie crée autour de ce lac, de ce lieu de repos, un lieu de tranquillité estival où les hommes viennent prendre du bon temps, où tout le monde apprend à se connaître, où on peut draguer, s’aimer ou simplement discuter. Le film a un côté très réaliste, on sait que ce temps ne durera que pour de petites vacances, qu’il faudra retourner au boulot après ça, et c’est pourquoi on y est si détendus et qu’on peut autant l’apprécier. C’est un peu comme ces amours de vacances qu’on peut tous connaître, rencontrer quelqu’un, s’aimer follement, en sachant qu’il faut en profiter car on sait que ça ne durera pas et qu’on ne reverra probablement jamais la personne. Et ce côté très réaliste est bien sûr présent chez les personnages. Quand on voit le personnage d’Henri, on sait qu’il sort d’une période difficile, qu’il cherche juste ici un peu de calme, de discussion avec les gens et pas forcément du sexe. Et tous les personnages sont comme ça, il y a une grande intelligence dans l’écriture. La plupart des hommes ne sont même pas vraiment gays, ils cherchent juste à se changer les idées, à expérimenter de nouvelles choses le temps que les vacances d’été se passent. Finalement le seul vrai gay du film c’est le héros, et c’est d’ailleurs le seul à vivre une vraie histoire de cœur. Une autre chose qui appuie le côté réaliste, c’est ce sentiment du off. On sait qu’il y a une vie en dehors du lac, qu’on a un foyer, peut-être même une femme et des gosses, Michel ne peut pas passer ses soirées avec Franck simplement parce qu’il a une vie à lui. Et ce qui est formidable c’est qu’on le sent alors qu’on ne le voit jamais, on reste toujours aux alentours du lac et pourtant tout cela est bien présent. Enfin, le réalisme peut être accentué par la routine, on voit toujours les mêmes plans d’arrivée des voitures, on rencontre les mêmes gens, on s’assoit au même endroit jour après jour. Et c’est pour toutes ces raisons que j’aime autant le film, parce que tout ça permet d’apporter du vrai à cette histoire, et donc à du beau. Parce qu’il y en a, je peux vous le dire.
Et puis ça fait plaisir de voir enfin un film qui n’a pas peur d’oser le sexe, la sensualité entre hommes. Il n’y a qu’ici qu’on peut voir ça, merci le cinéma français (on peut à la limite élargir à l’Europe), impossible d’imaginer ça aux USA (il est beau le pays de la liberté). C’est un film d’une douceur extrême, y compris dans la mise en scène qui est d’une grande sobriété, j’ai adoré le plan séquence qui survient à un moment clé du film. On se sent bien finalement au bord de ce lac, on voudrait que ça dure toute la vie, mais malheureusement il y a un moment où il faut bien se réveiller, et la violence extrême de la dernière partie est là pour nous faire redescendre sur Terre, nous rappeler qu’il y a une vie après les vacances, et que ça ne peut durer éternellement. Récemment je m’insurgeais contre Disney qui avait osé transformer La Petite sirène alors que le conte disait qu’il fallait sortir de nos rêves de jeunes filles idéalistes (dont je ne fais pas partie, je le précise), L’Inconnu du lac n’en est pas si loin. D’ailleurs, si cet homme porte le nom « d’inconnu », ce n’est pas pour rien, ça veut peut-être dire qu’on ne le connait pas si bien qu’on pourrait le penser. Et il faut parler de ces scènes magnifiques la nuit, dans la pénombre, particulièrement de la fin qui est particulièrement marquante.
Je suis super content d’avoir pu voir ce film au cinéma après autant de temps, ce n’est ni plus ni moins ce que j’ai vu de meilleur en 2013 avec le Kechiche. Et je note un petit caméo sympa de Guiraudie dans le film si je ne m’abuse. Encore un réalisateur français à suivre de prêt.