Comment diable, avec une intrigue aussi mince, Alain Guiraudie parvient-il à captiver et tenir à ce point en haleine? Les premières minutes du film m'ont rappelé un court-métrage que Michel Houellebecq avait tourné pour canal + il y a quelques années; il y dessinait une utopie post-apocalyptique dans laquelle les hommes ayant disparu, des femmes passaient leur temps, nues au bord d'une rivière et au sein d'une végétation luxuriante, à se donner du plaisir. Un vrai fantasme d'hétéro... et justement, dans l'imaginaire masculin et la logique houellebecquienne, la féminité s'oppose à l'agressivité et la tendance à la prédation typiquement masculines. Ici aussi le cadre est idyllique, et les corps s'offrent, débonnaires, à la caresse du soleil ou de leurs coreligionnaires. Et il y a une incroyable volupté à contempler les nageurs fendre les eaux. Pourtant, on pressent rapidement que la surface étale du lac est lourde de menaces - dont une mythique créature aquatique... Il y a quelque chose de pourri dans ce jardin d'Eden! Car dans L'inconnu du lac, ce n'est pas un hédonisme de principe qui prédomine, mais bien une logique du désir et de la passion amoureuse, toujours flirtant avec la mort (idée certes peu originale - je n'ai pu m'empêcher de penser au sida, malgré mon horreur des lectures allégoriques, d'autant que les protagonistes ne s'embarrassent guère de capotes...). Le style évoque celui des films de Bruno Dumont: équilibre et sobriété des plans, grande maîtrise du rythme (ce qui répond pour partie à ma première question), et le plus évident, l'absence de musique, au profit d'une accentuation des bruits naturels - notamment le sifflement du vent dans les arbres, aussi prégnant que dans Hors Satan. Sinon qu'ici la portée qui lui est donnée est davantage celle d'un film de genre: l'évocation d'une présence sourde et menaçante contribuant au climat fantastique dans lequel baigne le film. Ces qualités formelles, ajoutées au charisme des comédiens (on comprend volontiers la fascination de Franck pour Michel et sa moustache à la Tom Selleck!) et à la juste simplicité des dialogues, font de L'inconnu du lac une vraie réussite, dont le charme vénéneux persite bien après la projection, et bien au-delà du caractère anecdotique des lieux de drague homosexuelle.
Film sacrément expressif sur ce milieu de drague homosexuel, qui aurait pu l'etre moins, pour convenir à tout public... faut il donc le réserver à un public bien averti...(afin d'éviter au moment où l'on en à pas besoin une image dégradante...) Certe c'est exactement ce qu'il se passe sur ce genre de lieu, avec ce genre de personnes (plus ou moins tous dérangées!) et c'est du coup ce qui en fait un film interressant, prenant, saisissant, où on arrive à rester en haleine malgres ces scenes à répétitions, sur ce meme lieu (plutot joli) avec ces memes personnages (plutot bien joués). Ces "beaux personnages", leurs cotés glauques et ce voyeurisme, plus ces meurtres nous laissent à la fois perplexe, nous attirent, nous excitent, et nous laissent des frissons dans le dos. De nombreuses questions et échanges en sortant du film, ce qui laisse penser que c'est un film réussi.
J'avais commencé par le noter "moyen" et avec le recul je le passe à bien. Il faut un peu de distance pour saisir la force de ce film. Le réalisme des scènes est assez unique dans le cinéma d'aujourd'hui qui veut trop souvent romancer ce qui peut simplement être décrit. Je n'avais pas apprécié le caractère presque homophobe, en tout cas refoulé, de la trame. Mais au contraire je comprends toute le douceur qu'il y a dans cette violence. Je ne peux pas le conseiller à tous, mais les plus curieux y trouveront matière.
Un montage précis et rigoureux, un huis clos sablonneux, 3 protagonistes, un personnage très pivot, quelques trouvailles de mise en scène, et l'affaire est bouclée ! Malgré quelques aspects invraisemblables de l'intrigue policière, l'ensemble n'est pas si désintéressant que cela, bien qu'il laisse un sentiment assez noir du monde des homosexuels hommes, si l'auteur avait bien l'intention de nous transmettre un message. A voir pour les amateurs.
Thriller homosexuel situé dans un lieu unique, un coin de lac où les hommes traquent les hommes entre baignades et bains de soleil. Surprenant, inédit, ce concept imaginé par Alain Guiraudie tient bien la route car l’auteur-réalisateur a parfaitement huilé et mis en place son récit, exploitant le très beau décor naturel dans lequel il s’inscrit. Très bon casting qui offre notamment des seconds rôles attachants comme Henri, avec sa bonhomie et son côté blasé, Eric, le branleur invétéré, l’inspecteur de police au profil atypique …
Lent, trop lent. Les acteurs font ce qu'ils peuvent avec des dialogues sans intérêt, et j'ai souvent soupiré d'ennui. Dommage car j'étais plutôt bien disposé à voir ce film. Mais franchement, beaucoup de scènes de cul sont gratuites et le rythme est aussi plat qu'un galet dans la chaussure de Jupiter.
Etalage d'organes virils, masturbation, fellation, coït anal, éjaculation... Avec cela, l'auteur a voulu faire un film "romantique" (voir son interview à "l'Humanité"). Soyons juste, il y a de beaux plans fixes sur le soleil à travers les branches, ou sur les eaux du lac, et pour parler de romantisme, on peut regretter la présence des humains dans ce cadre lamartinien. Du moins de ceux qui nous sont présentés. Quoi d'autre dans cet "Inconnu du Lac" ? Une troupe de désoeuvrés plus ou moins nus, en train de marivauder de façon salace, une interprétation médiocre, des dialogues dont le comique involontaire suscite l'hilarité de la salle. A quoi s'ajoute une enquête policière menée par un "inspecteur" falot auquel on ne croit guère. Soit dit en passant, les "inspecteurs" ont disparu de la Police Nationale depuis pas mal de temps, remplacés par des lieutenants, capitaines, commandants de police. Bref, cet "Inconnu du Lac" tombe à l'eau de belle manière.
Présenté au festival de Cannes 2013, dans le cadre de la sélection “Un certain regard”, le film d’Alain Guiraudie ne peut laisser personne indifférent. Parce qu’il creuse le thème de la sexualité, mais surtout parce qu’il met en lumière une passion homosexuelle, “L’inconnu du lac” rime avec polémique. A ce titre, l’affiche du film (montrant deux hommes s’embrassant langoureusement) a poussé les mairies de Versailles et Saint-Cloud à interdire l’affichage du film dans leurs rues … Explications !
Pour certains, ce film sera perçu comme un thriller pervers complètement cru, accumulant les scènes de sexe obscènes au sein d’un climat pesant et irrespirable. Pour d’autres, Alain Guiraudie réalise ici un chef d’oeuvre visuel abordant des thèmes universels (la vie, la passion, le désir, la mort) dans une atmosphère réaliste et épicurienne. Pour moi, c’est un mélange des deux visions qui colle le plus à “L’inconnu du lac”.
Avec ce film, Alain Guiraudie voulait montrer du sexe dans une démarche amoureuse et en voulant éviter tout côté ostentatoire. C’est raté : le film va bien trop loin pour moi à ce niveau là. Certaines scènes très osées sont trop dérangeantes !
En revanche, au niveau des images et du son, le film est ahurissant, impeccable. Les longs plans fixes répétitifs sont idéaux pour relater le climat du film. L’absence de musiques au profit de sons 100% naturels (bruit de l’eau, du vent, des buissons) est géniale.
Enfin, à propos de l’enquête policière, je reste un peu sur ma fin. Les investigations du policier sont bien trop poussives et ne collent pas avec la montée en flèche de l’angoisse au fur et à mesure du film. Par ailleurs, le motif de l’homophobie pour justifier les meurtres est adapté mais reste facile.
En résumé, ce thriller érotique étonnant m’a déconcerté mais ne m’a pas déplu. Au fond, il pose la question de savoir jusqu’où on peut vivre son désir sans danger. Du Guiraudie tout craché !
L'inconnu du lac est une vraie curiosité, ne connaissant pas le cinéma de Guiraudie, je ne savais trop à quoi m'attendre et il faut dire que plusieurs choses peuvent surprendre... Déjà, la manière décomplexé de filmer les corps nus d'hommes qui sont loin d'être de jeunes éphèbes. Guiraudie a le mérité de montrer une réalité (celle d'hommes au physique banal cherchant dans les échanges sexuels un certain réconfort) sans fausse pudeur. Son couple d'acteur, bien assorti, infuse cependant un peu plus d'érotisme à l'ensemble. Cette love-story ultra-sexuel devient rapidement anxiogène et Guiraudie filme le lac d'une manière assez exceptionnelle en en faisant à la fois un lieu idyllique et un espace cauchermardesque. Le film fonctionne sur un principe de répétition (on filme le parking, l'arrivée du personnage) un peu artificiel à l'image du jeu des acteurs et des dialogues qui rappellent étrangement le cinéma de Rohmer sauf que là ou Rohmer réussissait à infuser de l'émotion à ses films, Guiraudie rate le coche préférant illustrer son propos par des scènes pornographiques assez inutiles (merci bien les éjacs en gros plans...). L'inconnu du lac traîne un peu en longueur jusqu'à un final assez fascinant au coeur de la forêt qui rappelle l'excellent Tropical Malady de Weerasethakul. En bref, l'inconnu du lac mérité d'être découvert et affiche des qualités cinématographiques indéniables, dommage d'y être cependant aussi extérieur...
Si vous êtes homophobe et/ou anti-naturiste, évitez ! C'est vraiment la première chose à dire. Si vous avez "l’esprit large" et que vous appréciez les originalités scénaristiques, courez y ! Le budget probablement minimaliste de ce film confronté à la satisfaction cinéphilique qu'on en retire en sortie de salle est rarement retrouvé . Les imperfections qui empêche la 5° étoile sont minimes : la fin aurait pu être plus habile, effectivement l'inspecteur aurait pu être "costumé" différemment selon les différentes journées, mais l'originalité d'une telle production balaie toutes les réflexions négatives.
c'est ni plus ni moins du porno; chic, mais du porno quand même avec un fond d'histoire policière...c'est plutôt ennuyeux, reste l'esthétique des acteurs, que l'on peut admirer dans toutes les positions et sous toutes les coutures ! et l'on veut nous faire passer ça pour une oeuvre géniale ? merci bien, mais c'est à peu près à la portée de n'importe qui à la condition de trouver des acteurs prêts à se déshabiller. shortbus était bien plus subversif !
J'avais été intrigué par le précédent film de Guiraudie, "Le Roi de l'évasion", plutôt séduit par son culot et son humour. On retrouve dans "L'inconnu du lac" cet esprit frondeur, cru et décomplexé où le réalisateur s'affranchit des clichés et des standards. Mais si Guiraudie ose donc à peu près tout, son film déçoit. A force de mettre de la fesse partout, il nous ennuie. Surtout, l'histoire et notre intérêt pour les personnages ne décollent pas. Penchant un peu plus vers le thriller dans un second temps, le film retrouve un semblant de rythme, mais ce regain de forme est mis à mal par une fin trop abrupte.
Je m'attendais à un thriller/film policier dans le milieu gay (dixit le réalisateur). En fin de compte, ce film est tout simplement un porno gay passé à interdit aux -16 ans va-t-en savoir pourquoi.
En plus, les acteurs jouent mal.
Bref, c'est inutile et avec ça, j'ai des images sales pleins la tête. Beurk.
Le naturalisme a ses limites, surtout lorsqu'il est aussi artificiel, systématique et maladroit (le coup du ciel devenant plus menaçant et le vent plus fort à mesure que l'invraisemblable tension "dramatique" augmente :/ ). Sinon, ben comme beaucoup de spectateurs je me suis pris la scène d'éjaculation au début en pleine gueule (un peu plus et on voyait les spermatozoïdes à l'oeil nu...) et les autres scènes m'ont eu à l'usure... Le parking, la nature indifférente, la drague terne dans les bois, les prises de risque, le moche gentil, le beau moche, le personnage principal témoin de deux meutres qu'il ne dénoncera pas on se demande pourquoi ?! Le tout en boucle pendant une heure et demie... Un seul personnage bien vu et bien interprété, celui qui se touche et se fait rabrouer continuellement...seule lueur d'humour et de résilience.