Duccio Tessari est surtout connu pour avoir été scénariste sur "Per un pugno di dollari", le western spaghetti qui a lancé le genre. Entraîné par l'énorme succès de ce dernier, il décide de réaliser son propre western : "Una pistola per Ringo".
Vu qu'il signe à nouveau le scénario, je m'attendais à un produit similaire. Erreur !
D'abord, le héros est foncièrement différent de l'Homme sans nom incarné par Clint Eastwood. Oui, Rino est un as de la gâchette insolent et cynique, prompt à se lancer dans les coups fourrés, mais la ressemblance s'arrête là.
Car Ringo a une tête d'ange (son surnom, d'ailleurs), ne boit que du lait, a un humour très provocateur... et c'est une vraie pipelette, qui va passer plus de temps à se défendre avec des mots que des balles ! Tandis que physiquement, Montgomery Wood (prononcez Giuliano Gemma) est à l'opposé de Clint Eastwood.
Ensuite, l'intrigue est plutôt originale pour un western spaghetti. Puisqu'il s'agit d'une prise d’otages, que des bandits mexicains détiennent après un braquage qui a tourné court. En prime, "Una pistola per Ringo" est même... un film de Noël ! Toute l'action se situe dans les jours qui précèdent Noël, aspect amplement utilisé par le scénario. Entre ceci, les divers coups tordus, et la gouaille du héros, il n'y a qu'un pas à franchir pour se dire que les scénaristes de "Die Hard" y auraient peut-être trouvé une inspiration...
Enfin, le film propose une vraie finesse d'écriture. Avec des personnages secondaires intéressants (dont Susan Scott en bandit expéditive !). Et une récit qui navigue avec beaucoup d'aisance entre des touches humoristiques réussies, et de la cruauté (les exécutions sommaires sont légions !).
Néanmoins, sur la forme, ce n'est pas aussi fort que les œuvres de Leone, qui explosaient alors. On reste sur des compositions relativement simples, moins de "gueules" parmi les acteurs (même si Fernando Sancho fait amplement le taff en chef de bande aussi bonhomme que cruel). Et une musique d'Ennio Morricone sympathique mais sans grand éclat.
A noter tout de même, de très jolis paysages espagnols, allègrement mis en valeur. "Une pistola per Ringo" est d'ailleurs carrément une co-production italo-espagnole... faisant de lui un western spaghetti-paella ?