Alors là j'en vois d'avance me fustiger en me disant "Mais enfin, toi Hunter Arrow qui as aimé le Pacifim Rim et d'autres merdes provenant du consortium consumériste américain, comment oses tu critiquer un film de l'immense Alain Resnais ? Si tu ne l'as pas aimé c'est simplement parce que tu n'as pas les armes pour l'apprécier." Alors laissez moi vous dire poliment d'aller vous faire mettre chez les Jésuites de Papouasie. Si cracher sur le corps à peine décomposé de Resnais peut en effet manquer d'élégance, on ne peut nier qu'il serait peut être temps de s'interroger sur l'héritage cinématographique de ce dernier. De toute façon maintenant qu'il est cané il ne risque plus de se vexer si on lui dit franchement qu'il a fait de la merde dans sa vie. Enfin bref...
Déjà revenons sur une pensée qui va de pair avec ce genre de long métrage, c'est à dire l'idée qu'ici il ne faut plus prendre par la main le spectateur mais laisser ce dernier s'investir dans le film par lui même si il veut pouvoir en profiter. C'était le mode de pensée d'Alain Resnais qui était loin d'être un cinéaste populaire. Mais ce que ce mec oubliait, c'était le fait que le spectateur accompli déjà un pas vers le film. Rien que le fait de s'installer devant un écran, décider de regarder ce "Mon Oncle d'Amérique" plutôt qu'un autre film qui pourrait paraitre plus divertissant, le fait que le spectateur accepte qu'on lui impose des personnages, une progression dramatique, le regard du réalisateur... Bordel rien que le fait de regarder un film, n'importe quel film et accepter les règles de ce dernier est en soi un pas que le spectateur accompli vis à vis du réalisateur. Et en ce sens ne pensez vous pas que le réalisateur doit être un tant soi peu capable de "récompenser" le spectateur ? Non là sa récompense il faut vraiment la chercher... Et pire encore là où dans certains films "exigeants" on peut déceler des qualités intrinsèques qui sont elles mêmes des récompenses, dans cet Oncle d'Amérique; la récompense s'obtient à coup de pelleté dans une fosse à merde dégoulinante.
Car oui ce film est atrocement mauvais d'un point de vue formel. Le jeu des acteurs est complètement approximatif, les dialogues d'une niaiserie doublé d'une platitude hallucinante du style "Nous avons un peu de jambon, on peut vous préparer des pâtes"... Rien dans ce film ne respire un tant soi peu la crédibilité en terme du jeu des acteurs et des réactions des personnages. Et que dire de la réalisation qui n'a que pour seule bonne idée les parallèles fait entre les personnages et leurs icônes cinématographiques préfigurées. En dehors de ça le reste n'est que pur néant, filmé sans génie aucun avec une succession de champ/contre champ dans les dialogues ou de plans fixes. On comprend l'idée d'une théâtralisation formelle, mais enfin le cinéma c'est aussi l'art du mouvement et ce film en est dénué. Mais indéniablement, le pire dans ce film demeure la mauvaise exploitation des thèses du neurobiologiste Henri Laborit qui apparait lui même afin de donner une sorte de cours magistral. Soyons clair, Resnais est incapable de concilier l'ajout de ces moments avec les impératifs d'une narration convaincante. Je m'explique : Au lieu d'avoir une exposition des thèses de Laborit et des personnages qui s'intègrent naturellement dans ces dernières, nous avons clairement un scénario qui force les réactions des protagonistes au point que ces derniers deviennent grotesques par moment. En gros le film est aussi pertinent dans sa démarche qu'un scientifique cherchant à établir les effets de la fatigue sur la capacité à se mouvoir et pour cette étude il ne choisirait que des sujets tétraplégiques. En effet on peut parler d'une volonté de "forcer" ses résultats. Et c'est exactement la même chose qui se produit avec ce "Mon Oncle d'Amérique" qui finalement passe complètement à côté de son sujet. On notera la stupidité d'un film dont le thème principal demeure l'Humain mais où finalement ce dernier n'est qu'un pantin désarticulé dont chaque parole, chaque acte, chaque mouvement est influencé par un script lui même influencé par l'idée d'exposer les thèses d'un scientifique. Cela n'enlève rien à la pertinence et l'intelligence des propos de Laborit, juste que ces derniers seraient évidemment mieux servis dans un livre que dans ce "film". Autre détail, pour une oeuvre se voulant "subtile" on remarquera que cette dernière a tendance à sur illustrer et sur expliquer les thèses exposées
Alors finalement je pense que pour apprécier ce film il faut faire comme les personnages principaux de ce dernier et c'est peut être là où l'on peut faire un lien intéressant : partir à la recherche de cet Oncle d'Amérique qui, si chez les "héros" symbolise une quête de l'imaginaire afin de se détacher d'un morne quotidien, chez le spectateur se révélera être la recherche d'un enrichissement vain et quelconque qu'il se figurera avoir obtenu grâce à ce film de merde afin d'éviter de faire face à la réalité suivante : il s'est bien fait chier pendant 2H.