Annoncé par Fred Cavayé comme étant un mélange de Pour Elle et A Bout Portant, Mea Culpa ne déçoit pas et permet à son réalisateur de donner une troisième baffe au polar français ! Cavayé repousse une nouvelle fois les limites du polar avec des situations encore jamais vues en France, ni même à l'étranger pour certaines d'entre elles. Le final pourrait d'ailleurs très bien entrer dans les annales avec cette séquence d'action qui a du être un sacré défi (relevé haut la main) en terme d'autorisations de tournage et de mise en scène.
Cependant Mea Culpa n'est pas une succession de séquences d'action, en effet contrairement à son précédent film qui commençait directement par une poursuite, Cavayé choisit de ne pas débuter cash par de l'action pure et accorde un premier tiers consacré aux personnages, à leur situation et à leurs relations. Et ce premier tiers semble au départ un peu maladroit car on se dit "c'est le coup classique du gars qui s'en veut parce qu'il a tué trois personnes accidentellement", sauf qu'avec Cavayé le scénario n'est jamais mis de côté et que l'on finira par comprendre pourquoi le début insiste autant sur certains points (notamment sur la dépression de Simon, campé par Vincent Lindon). Après cette longue exposition rappelant Pour Elle, Mea Culpa prend alors pour les deux tiers de film restant le rythme d'A Bout Portant. Courses-poursuites à pieds ou en voiture, cassages de tronches et fusillades s'enchaîneront alors à une allure affolante : je vous garanti que vous n'avez jamais vu ça en France, même pas chez le maître Olivier Marchal (dont le film est au passage né sur une de ses idées). Et contrairement à ce que l'on aurait pu croire, le film n'est pas réalisé ni monté à l'américaine : la réalisation de Cavayé est composée de plans moins remuants et surtout d'une mise en scène moins tape à l'oeil. Ainsi lors de certaines scènes d'action les américains auraient fait clamser des figurants à la pelle et fait des deux héros des as de la gâchette. Dans Mea Culpa le ton est bien plus crédible avec beaucoup de balles perdues (il arrivera même qu'une fusillade ne fasse pas de victime), pas mal de suspense (le passage dans les WC, on se demande comment ils vont passer à travers les mailles du filet) et des personnages qui ne sont pas tous des tireurs émérites. Malgré la déferlante d'action, le film demeure très français et c'est en cela qu'il se révélera particulièrement réussi.
Autre réussite du film, le duo Lellouche/Lindon. Je craignais qu'à force d'employer les mêmes comédiens, Cavayé finisse par les faire tourner en rond, mais il n'en sera rien. Lellouche joue un rôle radicalement différent de celui qu'il tenait dans A Bout Portant (cette fois, il est de l'autre côté du flingue, ce qui change tout) et Vincent Lindon se montrera bien plus violent que la dernière fois qu'on l'a vu chez Cavayé !
Cependant il faut que je tempère un peu les choses. Même si à mes yeux Fred Cavayé vient de nous livrer sa meilleure oeuvre, il y aura un point (légèrement) décevant : le scénario. En effet sur ce point A Bout Portant était plus réussi avec un scénario mieux écrit et des retournements vraiment impressionnants (notamment celui qui intervenait à la moitié du film). Car hormis un efficace rebondissement final, le scénario sans être mauvais ne réserve finalement que peu de surprises, ce qui est bien dommage. Mais ne boudons pas notre plaisir, le film étant sans conteste la nouvelle référence du film d'action Made in France, on ne va pas lui en vouloir si son scénario n'est pas sensationnel. Enfin petite remarque en tant que Toulonnais le film dispose d'un détail qui m'a choqué : lors d'une séquence, les personnages regardent un match de foot. Pour mieux coller à la région où se déroule le film, un match de Rugby aurait été préférable !