Faisant suite à l’excellent Pour elle et au vitaminé A bout portant, Mea Culpa regroupe en quelque sorte les ingrédients des deux précédents films de Fred Cavayé. Astucieux réalisateur de polar à la française, le rennais retrouve ses deux acteurs, Vincent Lindon et Gilles Lellouche, propulsant les deux comédiens à un rythme effréné en pleine confrontation avec le grand banditisme balkanique dans les faubourgs de Toulon. Diablement efficace, d’un strict point de vue rythme, Mea Culpa souffre tout de même d’une certaine facilité, d’une certaine naïveté. Certes, le retournement final, plus ou moins attendu, permet de sortir le polar du simple carcan du film d’action bête et méchant, mais dans la forme, Mea Culpa n’est en somme qu’une sorte de Revenge Movie à la Taken, 100 % français pour l’occasion.
Si l’on connaissait Gilles Lellouche adepte des films musclés, l’acteur y est excellent, d’ailleurs nettement meilleur que dans un registre comique, l’on s’étonne des capacités de Vincent Lindon, acteur plutôt sage d’ordinaire. Ici, celui-ci prend un peu les armes à l’image de Liam Neeson, vieille gloire du cinéma d’auteur qui tout par un jour se retrouve à incarner une brute au grand cœur, flingueur et bastonneur devant l’éternel. L’action, c’est bien le principal ingrédient de Mea Culpa, tient très bien la route. Les quelques fusillades, somme toute assez nombreuses, assorties des empoignades plutôt sanglantes entre flics renégats et gangsters serbes, réalistes et inspirées du travail d’un certain Paul Greengrass, à n’en pas douter, composent un très joli spectacle tout droit sorti de la manche d’un cinéaste qui ne cache nullement ses inspirations et modèles. Efficace d’un point du vue action, le film l’est nettement moins d’un point du vue narratif.
Tout débordement de violence est donc forcément engendré par le drame. L’on savait Fred Cavayé très habile pour le sentimentalisme, voir Pour elle, mais on ignorait que cette faculté n’était pas régulière. Oui, ici, il convient d’apprécier le scénario comme étant mineur. Une histoire de famille, de deuil, d’amitié, et boom, voilà que l’on s’en prend au fiston du flic déclassé, à l’homme blessé mais plein de ressource. Outre le fait que les deux flics, ou ex-flics, soient des surhommes peu sujets à la douleur, les voyous yougoslaves ici à l’œuvre sont caricaturaux au possible. Bref, pour en revenir encore à Taken, Mea Culpa n’en n’est franchement que peu différent. Alors que de nos jours, le anti-héros s’avère plus populaire que le héros lui-même, chacun s’adapte comme il peu pour faire de ses gentils des personnages troubles, au passé maudit, ce qui est en quelque sorte le cas ici.
Peu surprenant, malhabile narrativement, Mea Culpa s’avère simplement être un polar tendu plus ou moins efficace, selon si l’on apprécie la castagne ou non. Si celui-ci n’est pas un film majeur, il confirme cependant que Fred Cavayé est un artisan relativement habile, qu’il faudra encore compter sur lui dans les années à venir, en espérant le voir travailler sur des scénarios un brin plus aboutis. Le metteur en scène, assortis des ses deux acteurs fétiches, ont un énorme potentiel, soyons clairs. Un film qui passera forcément bien en vendredi soir, voir un samedi soir, sur une chaîne public, mais qui ne s’impose malheureusement pas comme un polar digne de ce nom. Peu concluant mais divertissant. 10/20