POUR
...) FRANK est une expérience cinématographique qui rebutera immédiatement ou emportera l’adhésion, pas d’entre deux possible. Un groupe de freaks fait de la musique expérimentale sous la férule d’un leader caché sous une tête en papier mâché aux yeux perpétuellement écarquillés, le concept de départ est plutôt insolite. Par où aborder ce film si singulier? Je vais d’abord couper court à la question que tout le monde se pose: oui, Michael Fassbender passe 95% du film sous sa tête en papier mâché n’apparaissant qu’à la toute fin, en pleine expérience de réveil, encore capable d’une chanson finale qui remet les choses à leur place. Le jeune Jon trouve en ce ramassis de schizophrènes paranoïaques l’occasion de devenir une star de la chanson et tente d’influer sur la trajectoire atypique d’un groupe reclus faisant penser à 5 galériens à la limite de l’autisme. Ils chantent et composent avant tout pour eux-même, comme une thérapie salvatrice. Leur musique rappelle le Krautrock des années 70. Née dans la défunte RFA, cette musique est reconnue pour ses avancées étonnantes dans l’univers de Rock. Rythmes antinaturels, ambiances de jam totalement freak out, morceaux bidouillés par des artisans du son loin des règles habituelles, Can, Amon Düll II ou Tangerine Dream en sont les dignes représentants. Leur musique est passée à la postérité de par son jusque boutisme artistique qui irrite ou fascine. Green Buble Raincoated Man, Mother Sky ou Oh Yeah en sont leurs signatures les plus connues (...
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CONTRE
...) Malgré ses airs de film marginal de ce mois de février, FRANK en demeure très loin : si on passe outre le masque de son acteur principal, le film d’Abrahamson se complait dans un classicisme formel, entre produit indé calibré et petit drame gentillet anecdotique. C’est là le cœur du problème : FRANK évoque des fous, sans folie. Il n’y a presque aucune idée de mise en scène, l’idée du masque n’est jamais exploitée autrement que pour des gags ou des séances drama pas très originales. Abrahamson est un faiseur correct, mais loin d’être un bon réalisateur : son cinéma n’a pas de saveur, pas d’odeur, et pour ce genre de projet c’est une impasse évidente.
Il avait pourtant toutes les cartes en main : Michael Fassbender est sensationnel, dans une interprétation subtile s’appuyant sur les non-dits, les non-joués, les sous-entendus et l’implicite. Son personnage transpire d’humanité, de richesse émotionnelle : il parvient à bouleverser, mais n’inspire jamais la pitié. Le reste du casting est complètement éclipsé par sa présence, mais reste plus que solide, notamment dans les séquences musicales.
Les ficelles narratives sont plutôt prévisibles – et malgré quelques éléments plutôt surprenants (notamment ce qui concerne la nature véritable de Jon, le principal protagoniste du film), FRANK suit une ligne directrice très balisée. Il parvient à toucher, à poser des questions intelligentes, mais jamais à emporter son spectateur, demeurant constamment dans ce carcan scénaristique regrettable. Et c’est vraiment dans sa sublime scène finale – même si le tout dernier plan est de trop – que le film atteint enfin cet état de grâce qu’on a attendu pendant quatre-vingt-dix minutes. Ambiguë, intelligemment réalisée, à la fois d’une folie totale et d’une grande douceur, cette conclusion porte son regard enchanté sur ces originaux au rang d’œuvre d’art (...
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